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Frachet Roger Vailland

22 mars 2024

Roger Vailland, Un écrivain au service du peuple

Référence : Jean-Pierre Tusseau, Un écrivain au service du peuple, Éditions Debresse, 115 pages, 1976

Difficile de parler de Roger Vailland, de cerner ses différentes facettes car a écrit Jean-Jacques Brochier, l’un de ses biographes, « il était ou n’était plus surréaliste, parce qu’il était ou n’était plus communiste, en un mot parce qu’il faisait peur (aux critiques). » [1]

Ancien surréaliste avec le mouvement Le Grand Jeu et les dérives addictives qui le poursuivront toute sa vie,  allergique à certains milieux de gauche qui lui reprochaient ses origines bourgeoises, ancien communiste pas vraiment orthodoxe et pas vraiment admis, libertin, jaloux de sa « souveraineté » comme il disait. Une Lucidité prédictive qui lui fera dire : « C’est formidable ce que la dégradation d’un certain truc qui fut tellement important de 1919 à 1956, s’accélère. Les Cathares, ou je ne sais quoi, furent peut-être aussi importants en leur temps. Peut-être que dans quelques siècles, on n’en saura pas davantage du communisme. » [2]
Roger Vailland a ainsi cumulé les handicaps… et s’en fichait.

1- Le Grand Jeu ou la recherche des sensations
« On n’a pas impunément vingt ans en 1928 » écrit Roger Vailland dans Drôle de jeu, surtout quand on a comme lui passé une partie de sa jeunesse à Reims où son père, géomètre, était venu réparer les outrages de la guerre. Roger adule Rimbaud, respire Rimbaud et ses paradis artificiels,  rebelle comme lui, comme ses copains de leur groupe surréaliste, Le Grand Jeu, dont René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte, confinés, qui manquent d’air dans cette ville bourgeoise où ils s’ennuient. La Poésie et ses excès comme seule « Voie royale. » Leur but : « Faire la Révolution par la Poésie… La Poésie au pouvoir, cela n’exige pas de capitaux. » [3]

Toujours dans Le regard froid, Roger Vailland se remémore cette époque d’ados qui se cherchent, à l’étroit dans cette société qui les attire par ses paillettes et qu’ils rejettent en même temps, trop orgueilleux pour s’y attacher, revendiquant le titre de "souverain".
« Les voies de l’Esprit nous restaient ouverte, qui nous permettaient de nous égaler aux riches… de leur donner des leçons. Aujourd’hui, le mot Esprit me soulève le cœur. »

attendant, il faut réveiller Reims, la belle endormie, utiliser « la pratique systématique du scandale. » [4] Une révolte plutôt bon enfant cependant, pas de quoi inquiéter le pouvoir local, recherchant en tout cas, à travers une fascination pour le suicide selon l’idée que rien n’a d’importance, le « dérèglement des sens » cher à Rimbaud.

Roger Vailland apparaît alors comme « un garçon frêle et doux, assez timide » féru de Paul Fort, publiant se premiers poèmes dans une petite revue régionale. Robert Brasillach, son condisciple à Louis-le-Grand, le décrit comme « un garçon au visage osseux, aux cheveux longs, volontiers porteur d’une pèlerine qui lui donnait un air byronien… un Lafcadio de Gide incarné. » [5]

Avec la publication du premier numéro de la revue Le grand jeu en juillet 1928, le cercle des "phrères simplistes" s’agrandit avec Max Jacob, Robert Desnos qui va l’aider à devenir journaliste ou le poète tchèque Richard Weiner qui l’invitera chez lui en Tchécoslovaquie en mars 1927. [6]  Vailland écrira dans ce numéro deux articles  consacrés à la dénonciation du colonialisme [7] et à la "bestialité" d’Henry de Montherland. Dans le numéro suivant,  il écrira bien sûr un article intitulé "Arthur Rimbaud ou guerre à l’homme".

La mauvaise humeur et l’esprit vindicatif d’André Breton peu habitué à la liberté gouailleuse de ces jeunes gens qui se fichaient pas mal de rendre hommage au "pape du surréalisme", se traduira par des attaques contre les "phrères simplistes" et la mise en cause retentissante de Roger Vailland.  Sans doute celui qu’il craignait le plus, à la plume acerbe et sans concessions et qui servira surtout de bouc-émissaire pour faire rentrer les  "phrères simplistes " dans le rang.

Vailland colleur d'affiches

Roger Vailland et Georges Omer

À l’origine, un prétexte assez futile monté en épingle par Breton et quelques-uns de ses amis mais objet d’un retentissement médiatique considérable comme en a le secret le monde littéraire : un court article intitulé  "L’hymne Chiappe-Martia" paru dans le journal Paris-midi. Un article sur une banale histoire d’inauguration sans intérêt de Jean Chiappe, le préfet de Paris, personnage à poigne et considéré comme très à droite.

Vailland, victime collatérale de l’intransigeance doctrinale de Breton qui en profitera aussi pour purger son mouvement des  "éléments suspects" remuants, pas toujours dans la ligne de son idéologie [8] Convoqué dans les locaux de la rue du Château, il se défendit maladroitement et son sort fut vite scellé, ne trouvant guère d’avocats pour prendre sa défense. Il eut beau faire le fier, Vailland encaissa  "vaillamment"  le coup et s’effaça sans faire d’éclats après ce procès  "stalinien". Ce qui l’atteignit le plus fut sans doute l’attitude des  "phrères simplistes "qui capitulèrent devant l’intransigeance de Breton.  

Vailland quitta le mouvement par la petite porte, sans commenter cet épisode, ne l’évoquant du bout des lèvres que devant sa sœur Geneviève. [9]
Il n’y revint que bien plus tard, souvent par petites touches, devenant dans un roman de 1951, ce "jeune homme seul"  qui ressent « l’amertume et le désespoir qui sont le lot des excommuniés »  [10] ou qui éprouve « ce sentiment de honte consécutive à toute excommunication. » [11]
En 1947 dans un court essai en forme de pamphlet  au titre sans ambiguïté,
Le surréalisme contre la Révolution, il revient sur l’évolution  du surréalisme, ses limites, son anachronisme progressif  avant de conclure qu’il prônait beaucoup plus la révolte que la Révolution.

Cette double vie commençait de toute façon à lui peser, coincé entre Roger Vailland le surréaliste et Georges Omer, le nom de plume du journaliste.  Libéré en quelque sorte de ce double écartelé mais dépressif après ces événements, s’adonnant à la drogue pour surmonter son mal être.
Dans ces conditions, le début des années 30 est morose, il vit en creux, s’obligeant  à jouer au journaliste, pensant toujours à Rimbaud.
Une période grise comme il en connaîtra d’autres.

Et justement, clin d’œil du destin lui semble-t-il, on lui propose un voyage en
Éthiopie pour couvrir le couronnement de l’empereur Haïlé Sélassié. Le voilà lancé sur les traces de son cher Rimbaud, « j’irai en Afrique comme Rimbaud, je fonderai un royaume comme lui » dira son héros Eugène-Marie Favard quelque vingt ans plus tard. [12]
Mais l’aventure tant espérée va rapidement tourner court, son commanditaire ayant fait faillite. Il en revient « désenchanté » et sans projet. C’est, comme il l’écrira plus tard assez désabusé, « la part de hasard sur laquelle s’articule une vie. » [13]


Notes et références
[1] Jean-Jacques Brochier, Roger Vailland, tentative de description, page 12
[2] Écrits intimes page 802, novembre 1964
[3] Le Regard froid p. 121-124
[4] Le surréalisme contre la Révolution p. 26
[5] Lafcadio, personnage d’André Gide dans Les caves du Vatican, qui pose le problème métaphysique de l’acte gratuit, comme le faisaient les membres du grand jeu.
[6] On peut en dire le récit dans son livre Lettres à sa famille
[7] « Nous sommes avec les noirs, les jaunes et les rouges contre les blancs. Nous sommes avec tous ceux qui sont condamnés à la prison pour avoir eu le courage de protester contre les guerres coloniales. »
[8] On peut par exemple citer  parmi les plus connus Antonin Artaud, Robert Desnos ou Georges Bataille
[9] Voir aussi mon article sur le témoignage de Geneviève Vailland :
L’enfant couvert de femmes
[10] Un jeune homme seul p 218
[11] Beau Masque p 315
[12] Un jeune homme seul p 107
[13] Écrits intimes, p 638-639

2-  Le Vailland des années trente
1940, au temps de la défaite. Alors que la plupart des gens essaient de vivre avec la guerre, Vailland va à Marseille se ravitailler en drogue, « il va à la drogue, il va à son vice. » (La Fête p 235) Pour lui, cette décennie s’est surtout écoulée entre nuits folles de Montparnasse et reportages, en particulier en Europe de l’Est.
Son engagement fin 42 dans la Résistance est peut-être  dû  à « la part de hasard… sur laquelle s’articule une vie. » [EI p 638-39]


3- Drôle de jeu : De Paris-midi à la Résistance
 «  La plupart des hommes qui font cette guerre écrivent une histoire qu’ils sont incapables de déchiffrer. » Drôle de jeu p 369  

Été 1944 : Roger Vailland, coupé de son réseau de résistance après de nombreuses arrestations, se retire dans un petit village bressan, Chavannes-sur-Reyssouze, dans lequel il s’était déjà retiré au début de la guerre, se remet à écrire. C’est là qu’il va rapidement écrire Drôle de Jeu sur fond de résistance, publié l’année suivante et lauréat du prix Interallié. Un roman ambigu, qui choque certains résistants.  [1] Livre scandaleux pour certains, roman de la lucidité pour d’autres dont il faudra du temps pour en mesurer toute la perspicacité. Un roman qui divise.

Vailland commence par un avertissement : « Drôle de jeu n’est ni un roman historique ni un roman sur la Résistance.  Même si on y reconnaît le dilettante Roger Vailland alias Marat, son responsable Daniel Cordier alias Caracalla ou le militant discipliné Jacques-Francis Rolland [2] alias Rodrigue. [3]
Drôle de jeu en effet, jeu dangereux un peu comme Le Grand jeu. Un drame en 5 actes qui se déroule sur 5 jours entre fin mars et fin avril 1944, premiers soubresauts d’une Libération qui s’annonce. Un scénario entre Paris occupé et les maquis bressans.

[Présentation de Drôle de jeu]

Il met l’accent sur la redistribution des cartes due à la guerre, patriotisme, communisme, notions de droite et de gauche n’ont plus la même signification.
Les valeurs  sont bouleversées par les événements, des patriotes deviennent Résistants, des hommes de gauches pacifistes prennent les armes, d’autres rejoignent l’extrême-droite comme Marquet le maire de Bordeaux ou le communiste Jacques DoriotVailland pourtant homme de gauche ne rejoindra pas les FTP communistes mais un mouvement sous la direction du BCRA anglais. [4]
Question de circonstances.

Notes et références
[1] Voir le témoignage de Robert Lupezza "Vailland, lieutenant de la Résistance" paru dans la revue Entretiens p 80
[2]
Jacques-Francis Rolland, grand ami de Vailland, auteur d’une autobiographie "Un dimanche inoubliable près des casernes" en  1984 où apparaît Vailland, d’articles sur son ami et d’un adaptation de Drôle de jeu pour le cinéma.
[3] Rodrigue sera avec Marat le personnage principal de son roman Bon pied bon œil, la suite de Drôle de jeu
[4] BCRA : Bureau Central de Renseignement et d’Action


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19 mars 2024

Le Surréalisme contre la révolution

Cet essai de Roger Vailland, Le Surréalisme contre la révolution, paru en 1948, est parfois qualifié de pamphlet, à une période où il écrit d'autres courts essais comme Réflexion sur la singularité d'être Français.
 

Présentation

La famille Vailland













Essai ou pamphlet [1], c'est en tout cas une page que Vailland veut tourner, rejetant sa période surréaliste dans les limbes de sa jeunesse. À peine dans Le Regard froid évoque-t-il le nom d'André Breton en faisant allusion à son passé. Max Chaleil, l'un de ses biographes, écrira dans un article intitulé La transparence et le masque : « À travers Breton, c'est sa propre jeunesse impuissante qu'il dénonce : pamphlet injuste et schématique où il condamne le surréaliste qu'il fut au nom du militant qu'il va devenir. »

C'est donc bien sa façon de tourner la page. Après son éviction du mouvement surréaliste lors de la séance mémorable du , ce qu'on a parfois appelé "l'affaire du bar du château", et son éloignement du "Grand jeu", Vailland vit une période de flottement, écrivant quand même à
Jean Beaufret : « François [2] est mort et je laisse se former celui qui va lui succéder. » [3]

 

Comme le note Olivier Todd dans la préface, il y a une incompréhension fondamentale entre surréalisme et révolution, soulignée par les surréalistes eux-mêmes : « Nous avons accolé le mot de surréalisme au mot de Révolution uniquement pour montrer le caractère désintéressé, détaché et même tout à fait désespéré de cette Révolution. »


Plan de l'ouvrage  :
- Prélude I et II;
- Le temps du dérisoire;
- L'activité surréaliste;
- La tentation du communisme;
- Le monde de la bombe atomique n'est pas dérisoire;
- Les découvertes surréalistes;
- Le maréchal et le surréalisme.

L'opposition entre Roger Vailland et André Breton est évidente, au moins dans deux domaines essentiels :

  • La notion de désir déplaît à Vailland, heurte le caractère rationnel du matheux ;
  • Le style de Breton, touffu, lyrique et parfois abscons, est à l'opposé du style classique de Vailland, clair et concis.
     

La position de Vailland

Tristan Tzara, créateur du mouvement DADA
  • Selon Vailland, le surréalisme, radical et contestataire des années trente, conspuant à l'origine les Institutions, s'est embourgeoisé au point que Breton a accepté d'être publié dans le Figaro sans que personne chez ses amis n'y trouve à redire. Il pose cette fausse question : « A l'égard du monde bourgeois, qui en a vu d'autres, le surréalisme a-t-il perdu sa virulence ? » Vailland se plaît à lui lancer de temps en temps quelques piques quand il écrit : « Le tapeur (Breton) reprochait son manque de dignité au journaliste d'occasion (Vailland), » allusion aux reproches de Breton lors du "procès".
     
La thèse de Vailland est que l'évolution de la bourgeoisie, « enrichie par l'essor prodigieux du capitalisme, s'est coupée des masses populaires qui l'avaient aidée à conquérir le pouvoir. » Les artistes ont tendance à "s'ostraciser", refusant les honneurs : c'est le temps du dérisoire. Le fossé se creuse entre les artistes officiels attachés au pouvoir et les véritables artistes qui sont rejetés car rejetant eux-mêmes les modes de pensée éculés, tels que les impressionnistes et le mouvement Dada.
 
  • Vailland revient sur l'évolution de la société française depuis la Révolution, le rôle et la place de l'artiste dans cette société. Le surréalisme écrit-il « fut avant tout le lieu de rencontre de jeunes intellectuels petit-bourgeois particulièrement sensibles au caractère parfaitement dérisoire de toutes les activités qui leur étaient proposées par leur époque ou par leur milieu. » On reconnaît bien dans ce propos l'attitude de Favard dans Un jeune homme seul. [4]

    Il oppose les deux révolutions, surréaliste et communiste, inconciliables à ses yeux, avec d'un côté les fils de la petite bourgeoisie qui
    « pour aimer Max Ernst, avaient eu le temps d'aimer puis de renier Cézanne et Braque » et de l'autre côté « le fils de l'ouvrier ou de paysan [qui] se trouvait au contraire jeté dans un monde dur, injuste, intolérable. »

     
Le groupe surréaliste
Deux mondes irréconciliables.
  • Derrière cette analyse, c'est bien le jeune Vailland qui se profile, soit directement « Au lycée de Reims en 1925, nous étions quelques élèves de rhétorique... à pratiquer l'écriture automatique et le scandale » soit indirectement quand il fait allusion au journaliste tâcheron qui se force à écrire pour gagner sa vie. En littérature, au-delà du jeu de la vérité ou de l'humour noir, le surréalisme n'a produit aucune œuvre majeure et même sa référence, Ubu roi est antérieure au mouvement. Pas vraiment d'œuvres maîtresses à mettre à l'actif du surréalisme car « l'activité surréaliste consistait essentiellement à mettre en évidence l'universelle dérision. »
     
  • Dans cette société qu'ils rejettent, les surréalistes sont attirés par la dialectique marxiste. Dans les grèves et les manifestations, la pugnacité des communistes ne pouvait que séduire les fils de la petite bourgeoisie. Cette tentation du communisme a toujours été ancrée dans l'histoire du surréalisme. Sa revue a même troqué son nom d'origine par ce titre Le Surréalisme au service de la Révolution. Mais le communisme est bien autre chose pour l'homme : défier la nécessité, transformer sa condition. Les surréalistes eux, vivaient en marge des conflits sociaux, s'occupant plus d'écriture automatique et de "cadavres exquis".
     
  • Avec la guerre, il a fallu choisir : plus question d'être en marge, de rester neutre, comme le fera Vailland fin 1942. Le dérisoire cher aux surréalistes n'était plus possible. Avec la guerre, les fils de la petite bourgeoisie ont connu eux aussi le monde dur des ouvriers et des paysans. Mais la plupart des nouveaux surréalistes sont restés en marge, comme leur leader André Breton, "émigré" aux États-Unis pendant la guerre, ou étaient trop jeunes pour avoir subi cette épreuve.
     
Breton semblait vouloir rejoindre le réel, l'enjeu de la lutte n'était plus dérisoire, y compris contre la bombe atomique, mais selon Vailland, c'est la Révolution qui n'a plus besoin du surréalisme. À un moment donné, surtout dans les années vingt, on peut considérer qu'il a été indispensable à la remise en cause d'une société déboussolée par la guerre et ses conséquences.
 
Ce qu'il a apporté, c'est la rigueur de l'esprit scientifique, sa volonté de passer du sacré à la raison, son goût de la poésie et de l'onirisme. Le scientifique se veut progressiste et, contrairement aux surréalistes, pas un homme en marge qui « nie la possibilité du progrès. » Il poursuit en disant que « toute pensée libératrice qui n'est pas liée à une volonté de transformer le monde, à une action révolutionnaire, a finalement des conséquences réactionnaires : [...] le surréaliste est un révolté, non un révolutionnaire. »
 
Vailland déplore que, malgré lui ou pas, Breton fasse le jeu d'une bourgeoisie qui ne s'y trompe pas puisqu'elle lui ouvre les portes du Figaro, même s'il est en bas de page, sous un article consacré au maréchal Foch. C'est pourquoi il en conclut que Breton et le surréalisme étant contre le Parti communiste, incarnation de la révolution, ils sont nécessairement contre la révolution.
 

Notes et références

  • [1] voir Les Lettres Françaises, 1er décembre 2007, la présentation de l'édition Delga
  • [2] "François" est le pseudonyme de Roger Vailland au Grand jeu
  • [3] Lettre à Jean Beaufret publiée dans les "Écrits intimes"
  • [4] Voir mes fichiers  Vailland, L’homme nouveau et Un homme seul --
     

Éditions et références

  • Le Surréalisme contre la révolution, Éditions Sociales, collection Problèmes 1948
    Réédité aux Éditions Complexe, préface D'Olivier Todd, collection Le regard littéraire, 1988
    Réédité aux Éditions Delga, préface de Franck Delorieux, Paris, 2007
  • La Rupture avec Surréalisme et Grand jeu, Alain et Odette Virmaux, revue Europe, 1988

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1 octobre 2023

Roger Vailland : Synthèse-Catégories

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30 septembre 2023

François Bott, Les Saisons de Roger Vailland

Les Saisons de Roger Vailland est un essai biographique du journaliste et écrivain François Bott publié en 1969 centré sur la personnalité et le parcours de l'écrivain Roger Vailland.
Éditions Bernard Grasset, 173 pages, 1969, édition numérique, 2007

« Vailland : un garçon au visage osseux, aux cheveux longs dans une pellerine qui lui donnait un air byronien. » Robert Brasillach

       
                                                        François Bott
Présentation

Voici comment l'auteur François Bott présente l'une des saisons de Roger Vailland, au temps de la Résistance : « Vailland découvre, à la fin 1942, un nouveau dimanche de la vie : la Résistance. Une saison, comme la boxe ou… l’opium. En vérité, écrira-t-il, "la vie ne m’apparaît digne d’être vécue que dans la mesure où je parviendrais à la constituer en une succession de saisons si bien enchaînées qu’il ne resterait pas la moindre place pour la vie quotidienne" ».

« Le jeu... cher souci, merveilleux souci. » RF

L'homme et son œuvre
Roger Vailland, homme de paradoxes, à la fois "revenu de tout" et "amoureux vorace de la vie", recherchant toujours le bonheur à travers ses aventures surréaliste, la drogue et la passion puis communiste avant un retour au libertinage. Dans le droit fil du scénario "Le vice et la vertu" qu'il écrivit pour Roger Vadim, il définissait la vertu comme « possession de soi ».

« Je me battais, j'apprenais, j'étais heureux, j'écrivais Beau masque. » De l'amateur

C'est un homme au style économe, sec et précis comme lui, écrire à la 1ère personne en langage parlé dénote une "matière molle", celle de Queneau ou  Céline
C'est un homme qui « unit dans son œuvre le regard froid de Valmont etla flamme de Fabrice : une géométrie passionnée, un lyrisme dominé. » (p 29) Son style renoue avec une certaine tradition du XVIIIe siècle et des devanciers tels que le cardinal de Retz, Laclos et surtout Stendhal, lui qui pronait "la singularité d’être français". Ses saisons, c'est aussi la matière de son œuvre, une façon de dominer sa peur et de prendre sa vie en mains.

« Dans une société sans mœurs seule l'austérité est aimable. » Laclos

Il a développé, nous dit Jean-Noël Jeanneney, « une dialectique, souvent heurtée entre les rigueurs du communisme et une liberté affichée et revendiquée de ses mœurs. » C'est de la dynamique de ses contradictions qu'il a nourrit son œuvre.


Colleur d'affiche : sa saison communiste

« La fête est une prise de pouvoir..."J'imagine de grandes fêtes frivoles et délicates... " (Boroboudour), "dans un temps séparé du reste du temps." p 129

Entre atonie et passion, "l'homme nouveau", une passion maîtrisée
* Les hommes de qualité sont des communistes comme Albéran de Bon pied bon oeil ou Henri Bourbon qui apparaît sous les traits de Madru dans Un jeune homme seul et Chatelard dans 325.000 francs.
* Marat, Pierrette, Dom Cesare
et Duc sont des héros cornéliens : des "souverains" qui ne subissent aucune loi, sauf la leur.  (p 34) [1]
Le bowling de la Truite est le théâtre d'un autre jeu de la vérité.
* Eugène-Marie Favart, Busard... sont des contre-héros, sans orgueil ou la volonté de puissance de Rodrigue. (p 67)
* Lou, croqueuse de diamants de La Truite et Lucrezia de La Loi : des êtres de passion. p 93
Vertu = possession de soi et passion = dépossession de soi --> esclavage (p 94)
"Le libertin joue, agit, possède et la niaiserie, c'est d'être joué, agi, possédé... Les Liaisons déniaisent". (p 120)
Le libertinage, le jeu d'argent, la guerre comme dans
Bon pied bon œilLamballe est correspondant de guerre, avivent le "sentiment de soi".
l'homme de qualité se maîtrise, "assujettit son désir de puissance". (p 124)
   - La possession, quand les amants sont égaux en souveraineté, est une cérémonie
      solenelle comme la messe ou la tragédie. (p 126)
   - Le libertin doit respecter les règles du jeu de la société. (cf cl de Bernis)
                (voir aussi les rapports entre Busard et Marie-Jeanne et les hollandais
                 dans Boroboudour)

Notes et références
[1] Pour lui, la Résistance est "possession de soi, preuve de sa souveraineté".

Voir également
Sur Roger Vailland
  • Les écrivains en personne, interview de Roger Vailland, Éditions Julliard, 1960
  • Libertinage et tragique dans l'œuvre de Vailland, éditions Hachette, Michel Picard, 1972
  • Trois romans : Les mauvais coups, Bon pied bon œeil, Un Jeune homme seul, trois romans de Roger Vailland avec une préface de François Bott, éditions Grasset, 1970
  • Roger Vailland, Sacré métier ! Roger Vailland journaliste, 1928-1965, choix et présentation par Marie-Noël Rio, Le temps des cerises, 2015
Sur François Bott
  • La Demoiselle des lumières, Éditeur Gallimard, avril 1997, collection Un et l'Autre
  • La traversée des jours : Souvenirs de la République des Lettres (1958-2008), Éditions du Cherche Midi, 2010, 169 pages

En complément :
Document utilisé pour la rédaction de l’article
Roger Vailland en Égypte -- Roger Vailland et le cinéma --
Document utilisé pour la rédaction de l’article Roger Vailland : Le cinéma et l'envers du cinéma dans les années 30 --

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11 janvier 2023

Vailland Un homme du peuple sous la Révolution

Un homme du peuple sous la Révolution est un récit historique écrit par Roger Vailland, publié en feuilleton dès 1937, puis en volume en juillet 1947.

Historique

L'œuvre est rédigée par Vailland en collaboration avec son ami et rédacteur en chef Raymond Manevy en 1936 dans l'euphorie de la victoire du Front populaire qu'il voit comme un espoir.

              Drouet et Babeuf

Introduction
Avec le Front populaire, Roger Vailland se sent enfin en phase avec les événements et la marche de l'Histoire. C'est la première fois qu'il ressent cet élan qui le portera vers la Résistance puis son adhésion au communisme.

Il admire la Révolution française, surtout la république de l'an 93 avec les figures de Robespierre, de Marat dont il donnera le nom à son héros de Drôle de jeu et Jean-Baptiste Drouet qui est réellement un homme du peuple et dont le portrait orne cette page. Cet homme que rien ne destinait à entrer dans l'Histoire, qui sans les événements auxquels il a été mêlé, serait resté toute sa vie dans son petit coin de France, a été propulsé dans les tourbillons de l'époque. Finalement, il a eu une vie très mouvementée et très romanesque, pleine d'aventures, une vie propre à séduire un écrivain.

Présentation

        
Éditions Gallimard et Corréa

Un homme du peuple sous la Révolution se présente effectivement comme un récit historique qui retrace le parcours de Jean-Baptiste Drouet, le « héros » de l'arrestation du roi Louis XVI à Varennes. C'est un homme simple, dragon puis maître des postes à Sainte-Menehould, petite capitale de l'Argonne près de la frontière, un homme qui jusqu'alors n'a pas pris toute la mesure d'une révolution qu'il vit de loin.

Mais, en permettant l'arrestation du roi et de sa famille le 21 juin 1791 à Varennes 1, il va entrer dans l'Histoire par la grande porte. Profitant de sa popularité, il devient député, découvre Paris et est rapidement considéré comme un des chefs des Jacobins, ce qui lui vaut d'être nommé commissaire à l'armée du Nord.

Sa vie va une nouvelle fois basculer quand il est fait prisonnier par les Autrichiens en 1793 et passe deux années emprisonné dans le Spielberg, dans des conditions difficiles infligées au responsable de la déchéance de la famille royale. Relâché par échanges de prisonniers en 1795, il est nommé membre du Conseil des Cinq-Cents. Mais décidément, sa vie est un feuilleton à rebondissements puisqu'il est compromis dans le complot fomenté par Gracchus Babœuf, il s'enfuit pour éviter la guillotine.

Sous le Premier Empire, il retourne chez lui où il est nommé sous-préfet de Sainte-Ménéhould. Cependant, après Waterloo, il devra à nouveau fuir la vindicte des Bourbons. À la faveur d'une amnistie, il réussira à rentrer en France et s'installera à Mâcon sous un nom d'emprunt où il finira ses jours.

Retour de Varennes : Arrivée de Louis XVI à Paris
Édition
Un homme du peuple sous la Révolution, (coécrit avec Raymond Manevy), paraît d'abord en feuilleton en 1938 dans le journal de la CGT Le Peuple [2] puis est publié aux Éditions Corrêa en 1947 et réédité aux Éditions Gallimard en 1979.

Notes et références
[1] Il s'agit de la commune de Varennes-en-Argonne dans le département de la Meuse
[2] Le Peuple du 12 février 1938,
début de la parution en feuilleton sous la signature « Manevy-Vailland »

Voir aussi
* S
ur Varennes : Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes -

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Vailland Drouet    © CJB  °°° 11/01/2023  >>
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24 novembre 2022

Roger Vailland, Le Jour et l'Heure

Référence : Le Jour et l'Heure est un film franco-italien réalisé par René Clément datant de 1963.

    Simone Signoret

Ce 21 novembre 2022, Arte diffuse Le jour et l'heure, l'un des meilleurs films de René Clément. Bonne raison de voir (ou de revoir) ce film fort intéressant qui conte l'histoire d'n homme et d'une femme emportés dans le tourbillon de la Seconde guerre mondiale.

Belle collaboration entre René Clément et Roger Vailland qui écrivit l'adaptation et les dialogues, qui offrit à Simone Signoret [1] l'un de ses meilleurs rôle. Pour Vailland, c'est comme une parenthèse dans sa collaboration avec Roger Vadim, commencée en 1959 avec le tournage des Liaisons dangereuses 1960. [2]

          
Roger Vailland                    Vailland et Roger Vadim à Meillonnas

C'est aussi "l'époque cinéma" de Roger Vailland qui avait laissé de côté cette facette de son talent depuis plusieurs années pour se consacrer à sa carrière d'écrivain. En tout cas, il préférait participer à l'écriture d'un film, depuis l'adaptation au cinéma de son roman La Loi, prix Goncourt en 1957, sorti dans les salles en 1959, dont il  n'avait guère apprécié l'adaptation.

              
                                                                                   René Clément

Thérèse Dutheil va être confrontée à la guerre quand elle se rend pour se ravitailler dans un village des Ardennes. La milice et la Gestapo traquent les aviateurs d'un appareil abattu dans cette zone. Pour revenir à Paris, elle emprunte le camion d'un convoyeur de chèvres où sont cachés les aviateurs. 

Elle accepte ensuite de venir en aide à Allan Morley, un aviateur américain dont l'appareil a été abattu par les Allemands, malgré la charge de ses deux enfants alors que son mari est retenu prisonnier en Allemagne.

            
Simone Signoret & Stuart Whitman          Simone Signoret et Michel Piccoli

Réticente au début, elle finira par le conduire à Toulouse pour lui faciliter les choses et lui éviter les pièges de la Gestapo. Cependant, ils seront retenus par la police française avant d'être relâchés. Pendant ce voayge, un sentiment plus fort va naître et grandir entre eux mais arrivés dans les Pyrénées, la Résistance va les séparer en prenant en charge Allan en l'aidant à regagner son pays en passant par l'Espagne.

La séquence clef du film est la longue séquence qui se déroule dans le train, où Thérèse et Allan sont  dans  le collimateur de la Gestapo.
Peu après leur séparation, c'est le Débarquement de Normandie et de toute façon, rien après la guerre ne peut plus être comme avant.

      L'interrogatoire

Le scénario bien soutenu par des dialogues bien charpentés, s'appuie sur une belle distribution où en particulier Simone Signoret est Thérèse Dutheil, Stuart Whitman, le capitaine Allan Morley, Geneviève Page, Agathe, Michel Piccoli, Antoine, sans oublier Marcel Bozzuffi, Henri Virlogeux ou Maurice Garrel.

À noter le clin d’œil de Vailland, appelant Jasseron le procureur, non du village voisin de Meillonnas, celui où il Habitait, du côté de Bourg-en-Bresse dans l’Ain et Marboz le commisaire de police, allusion à un autre village bressan.

Voir aussi :
[1] Simone Signoret a auusi joué le rôle principal dans le film Les mauvais coups tiré d'un roman de Roger Vailland
[2]
Outre Les liaisons dangereuses 1960, la collaboration entre Vailland et Vadim s'est aussi concrétidée par Et mourir de plaisir et Le vice et la vertu.

Voir aussi :
Document utilisé pour la rédaction de l’article
Roger Vailland en Egypte -- Roger Vailland et le cinéma --
Document utilisé pour la rédaction de l’article Roger Vailland : Le cinéma et l'envers du cinéma dans les années 30 --

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<< Christian Broussas
Vailland, jour, heure   © CJB  °°° 18/11/2022  >>
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29 juin 2021

Roger Vailland en Égypte

Dans son essai biographique sur Henri Curiel, Gilles Perrault revient sur des séjours  de Roger Vailland en Égypte, en particulier à un moment clé où la royauté de Farouk est renversée par le coup d'état du général Néguib puis par Nasser.
 

« La vallée du Nil est le plus riche jardin du monde et le fellah le plus misérable jardinier. » Choses vues en Égypte, éditions Défense de la paix, août 1952
 

              
      Roger Vailland       Choses vues en Égypte                  Gilles Perrault
 

Mohamed Chatta, ouvrier du textile, est un des moteurs de la Révolution égyptienne dont Henri Curiel disait : « Je vois traiter comme des héros des gens qui n'ont pas fait le centième de ce qu'il a fait. » [1] Roger Vailland datait de sa rencontre avec Chatta sa décision de devenir communiste. Il connaissait aussi Gaby Aghion et avait obtenu d'elle des recommandations pour un séjour au Caire. « Roger était quelqu'un d'un peu farfelu disait-elle, et je pensais qu'Henri lui plairait. »
 

     
                                                                                   Portrait d'Élisabeth Vailland

Bingo. Leur amitié ne serait rompue que par la mort. Vailland retrouvait en Curiel son romantisme, sa faculté d'enthousiasme, "le besoin contraignant d'un environnement de sensuelle féminité." Il l'admirait, aspirant à devenir lui-même un "vrai bolchévik", malgré ses contradictions. [2]
 

Curiel et ses amis connaissaient Vailland de réputation et avaient lu ses livres. Il ne se laissa pas détourner par "les belles filles d'Iskra" mais c'est la visite du faubourg cairote de Choubra-el-Kheima qui fut le clou du voyage avec ses taudis et sa misère inimaginable. Vailland éprouva le même choc que Curiel. C'est là qu'il rencontra Mohamed Chatta et ses luttes syndicales. [3]
 

                     
                Roger et Élisabeth Vailland à Capri chez Malaparte

« Mon amour, mon amour, mon amour, nous sommes des lions et de vrais bolcheviks, mais ça semble devenir bien démodé. Il va falloir inventer quelque chose de drôle pour distraire notre vieillesse. Je t’embrasse comme je t’aime, c’est-à-dire comme le Vésuve et l’Etna combinés. »
"Écrits intimes", À Élisabeth, avril 1956 à Prague
 

Printemps 1950. Henri Curiel, persona non grata en Égypte, s'exile à Rome, assez isolé, attendant la visite des ses amis. Parmi eux, Élisabeth Vailland, la femme de Roger. Son mari est à Capri, hébergé par son ami Curzio Malaparte, devant la rejoindre à Rome à la fin de l'été. « Une pièce sombre illuminée par son merveilleux sourire, se souvient-elle. Je lui dois quelques-unes des plus belles heures de ma vie. » Il lui fait lire ses auteurs préférés et ils en parlent longuement. L'air de rien, il savait expliquer les choses en vous mettant à l'aise... et toujours en évoquant l'Égypte. [4]
 

                  
Roger Vailland chez Seghers    Henri Curiel                  Curzio Malaparte
 

Dans la nuit du 22 au 23 juillet 1952 les Officiers libres du général Néguib renversent la royauté de Farouk. Tous les partis communistes crient à la dictature sauf... Curiel et son parti le MDLN. D'autant que se produit une bavure (ou une provocation) où deux syndicalistes sont exécutés. Vailland est sur place, envoyé du journal communiste Défense de la Paix, briffé par Curiel, il sait à quoi s'en tenir et va mettre les pieds dans le plat. Il fouine et se balade avec le poète Kamal Abdel Halim, animateur du Mouvement de la Paix. Leur arrestation dans un village du delta sera largement médiatisé et ils seront vite relâchés.
 

« Les jardiniers du plus fertile jardin du monde ont perpétuellement le ventre creux; les fournisseurs de coton du monde occidental sont des loqueteux. » 
Choses vues en Égypte, éditions Défense de la paix, août 1952
 

De retour à Paris, Vailland est fêté comme un héros, conta son aventure « avec le lyrisme dont il était habité à l'époque. » Mais sur le fond, et contre la version officielle des communistes, Vailland soutint que le putsch reposait sur une véritable base populaire et le coup d'État une vraie Révolution. [5]
 

                   
Vailland correspondant de guerre, 1944   
Mes fiches Vailland du Livre groupe de Wikipedia  --  Kamal Abdel Halim

Bien sûr, la presse communiste donna peu d'écho à un reportage plutôt gênant et la plupart des exemplaires de son livre témoignage intitulé Choses vues en Égypte, furent détruits dans un incendie. Selon Élisabeth Vailland, seuls les exemplaires du livre de son mari en furent victimes...
Mais on n'en voulu pas vraiment à Roger Vailland et ce d'autant plus que les communistes se rapprochèrent rapidement du progressiste et décidément très présentable Nasser qui avait succédé à Néguib.

 

Roger Vailland avait parfaitement analysé une situation qu'il résume ainsi : « Le corps des officiers égyptiens ne constituent pas une caste comme dans certains pays d'Amérique du sud ou en Turquie. La majorité des officiers sont issus de la plus petite bourgeoisie. Ils sont mal payés.
 

                    
Écrits intimes       Roger et Élisabeth Vailland "colleurs d"affiches" - Bourg 1948
 

Par leur père, leurs frères, leurs parents, ils connaissent à chaque instant les misères et les revendications des boutiquiers, des fonctionnaires, des petits magistrats, de tout le menu peuple d'Égypte. Il n'y a pas de cloison étanche entre le corps des officiers et les sous-officiers, armature de l'armée; ils ont été victimes des mêmes humiliations de la part des instructeurs anglais dans une époque toute proche. Les soldats appartiennent aux couches les plus pauvres puisqu'il suffit d'un versement de 40 livres pour être exempté de service militaire.
 

Enfin, ce sont les ateliers de l'armée, où furent occupés pendant la guerre des dizaines de milliers d'hommes, qui depuis lors fournissent à la classe ouvrière égyptienne ses meilleurs militants syndicaux et politiques. L'armée égyptienne n'est donc pas séparée de la nation, ni incapable de refléter et de défendre les aspirations populaires. »
 

Roger Vailland n'oubliera pas ses amis les communistes égyptiens comme Chehata Haroun, celui qu'on appelait "le dernier des Mohicans", qui lui faisait visiter Le Caire comme un touriste. Il n'hésitera pas à recevoir pour des réunions dans sa maison de Meillonnas, des personnalités comme Henri Curiel accompagné de Didar Rossano et Khaled Mohieddine. [7]
 

                     
Vailland, revue Europe   Vailland par Christian Petr
 

Notes et références
[1] Si le mot "héros" signifie quelque chose dans l'action politico-syndicale, Mohamed Chatta fut le héros de Choubrah-el-kheima... un homme courageux, inventif, infatigable.
[2] Écrivant par exemple dans son journal : « Acheté aujourd'hui un manteau de cuir qui sera épatant pour faire la révolution. »
[3] Voir Gilles Perrault, Un homme à part, pages 226-229
[4] Voir Gilles Perrault, Un homme à part, page 292
[5] Voir Gilles Perrault, Un homme à part, pages 315-316
[6] Voir Roger Vailland, Boroboudour, Choses vues en Égypte, éditions Gallimard, page 165
[7] Khaled Mohieddine fit partie du groupe des Officiers qui renversa le roi Farouk mais dut s'exiler après un putsch manqué contre Nasser

 

Voir aussi
Roger Vailland à Meillonnas --
Vailland, Engagement et écriture --

 

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<< Ch. Broussas,  Vailland en Égypte 19/06/2021 © • cjb • © >>
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2 mai 2021

Leduc, De l’athéisme, Vailland

Référence :  Alain (Georges) Leduc, De l’athéisme, Éditions Theolib, 104 pages, janvier 2020

                         

Gabriel Séailles (1852-1922) disait de l’athéisme que « l'athéisme est un dogme, » beaucoup d’athées pouvant finalement être aussi dogmatiques que les religieux qu'ils prétendent combattre. Alain (Georges) Leduc rassemble dans cet ouvrage des textes d'auteurs très différents pour initier un véritable débat sur le thème de l’athéisme

Ce dogmatique ne signifie pas que l’on puisse oublier la fraternité qui peut unir, à l’occasion de tel ou tel événement historique comme au temps de la Résistance, des hommes aux opinions différentes et même tranchées. Gabriel Séailles n’a-t-il par ailleurs écrit dans Les Affirmations de la conscience moderne : « Au nom de la Libre Pensée, demandons qu'il n'y ait plus d'opinions suspectes ou privilégiées, qu'on puisse être athée, sans être traité de scélérat, et croire en Dieu, sans être traité d'imbécile. »

                 
Quelques œuvres de Roger Vailland

Alain (Georges) Leduc  revient sur une « dispute » (au sens premier du terme)  entre Roger Vailland et Louis Martin-Chauffier. Cette partie est complétée par une conférence qui s’est tenue à Łódź en Pologne autour de trois écrivains athées de langue française, le Marquis de Sade, Octave Mirbeau et Roger Vailland et un texte de Sade, Dialogue entre un prêtre et un moribond, et enfin l'article Athéisme de l'Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure.

Nous assistons à une belle joute entre Roger Vailland qui vient de publier le roman qui le fera connaître Drôle de jeu, prix Interallié 1945, et Louis-Martin Chauffier, grand résistant arrêté par la Gestapo en 1943. Si la Résistance et le fait de travailler pour le journal communiste Action les réunissent, ils ont des conceptions fort différentes en ce qui concerne leur rapport à la croyance et à la religion.  

       

Pour Martin-Chauffier, « un athée ne peut être qu’un égaré cherchant Dieu » alors que Vailland est un libertin qui rejette la religion : ainsi débute la confrontation.

Pour Martin-Chauffier, Vailland est « ce garçon maigre qui va, le nez en l’air, un petit sourire au coin des lèvres, ne flaire pas le vent, il flaire la vie. » Il le voit comme un individualiste, un peu anarchiste, fort balancé de nature, « iconoclaste par amour caché d’un Dieu dont il redoute à la fois la rencontre et désire l’approche », ce qui n’a pas trop plu à un Vailland qui lui répondra dans un article publié ans le journal Action de décembre 1945 où il parle « d’appréciation singulière » lui qui se sent si étranger au problème religieux.

Ce d’autant plus que Vailland pense que « le catholique ne reconnaît pas la raison et ne procède d’aucune logique. »La religion lui paraît relever d’un comportement primaire de l’homme, d’un obscurantisme que la science se charge de faire reculer de jour en jour.

                   

Martin-Chauffier lui répond sur le même ton, écrivant que Vailland est un « rationaliste furieux », oscillant entre le goût de l’insoumission et le besoin de certitude, ajoutant qu’il n’est pas facile « d’être à la fois individualiste forcené de nature et marxiste d’esprit. » Voilà bien le problème et le "Dieu-marxisme" professe une idéologie pas forcément rationnelle, un marxisme qui ressemble à « l’inquiétude religieuse ».

Il pense ainsi qu’on peut discuter avec un marxiste, « l’échange est possible, car les positions sont nettes. » Même si l’on sait qu’on est en désaccord sur l’essentiel.

Alain (Georges) Leduc accompagne l’ensemble de notices explicitant le contexte et d’écrits complémentaires comme le réquisitoire de Laval de Martin-Chauffier, une plaquette de 2007 intitulée "Roger Vailland, Je ne cherche pas Dieu. La controverse avec Louis-Martin", publiée aux éditions Le Temps des cerises dans la collection Cahiers Roger-Vailland.

            
Des œuvres de Roger Vailland         Vailland avec sa femme Elisabeth

L’Œuvre de Alain (Georges) Leduc - Références
Alain (Georges) Leduc, Biographie -- De l'athéisme --
Octave Mirbeau -- JMG Le Clézio par AG Leduc --
Roger Vailland, Un homme encombrant --

Alain Georges Leduc et son oeuvre --

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16 décembre 2017

Roger Vailland par Philippe Lacoche

  

Restituer dans leur intime vérité les grands écrivains d’hier et d’aujourd’hui, c’est le choix des éditions Nouvelles Lectures qui a invité des écrivains à évoquer leurs souvenirs et leurs moments d’émotion.
Philippe Lacoche nous restitue dans ces larges extraits son témoignage sur l’écrivain Roger Vailland.

 

Amiens, le 7 juin 2015, 0h08

J’ai entre les mains l’exemplaire de 325 000 francs, paru en 1979 aux éditions Le Livre de proche, avec lequel j’ai découvert Roger Vailland. Je regarde la couverture : une usine à l’ancienne, comme celle de Saint Frères, à Flixecourt dans la Somme, que figure un dessin anonyme… des traits, des griffures plutôt, presque cubistes qui symbolisent des pylônes sur un fond rouge sang. (Comme le sang du bras de Busard, le héros de l’histoire, happé par la machine infernale.) A l’intérieur j’ai écrit de mon écriture de jeune homme : « Lu en octobre 1980. » Et j’ai signé. C’est bien d’avoir des repères dans le temps.
 

J’étais revenu vivre chez mes parents, à Tergnier dans l’Aisne, après des débuts hasardeux dans le journalisme à la revue rock Best à Paris, où être payé à la pige ne me permettait pas de vivre décemment. Sommé de « gagner ma vie sérieusement, » je me retrouvai journaliste localier à L’Aisne Nouvelle, à Saint-Quentin, dans l’Aisne.
 

Maintenant, la mémoire me revient. À 24 ans, je me revois entrer dans les locaux de la librairie Felbacq, à Tergnier, ville cheminote, ouvrière, souvent rouge comme la couverture du livre. Odeur de vieux papier, d’encre fraîche, de gommes douces comme les ventres de couleuvres. J’ouvre un livre, attiré sans doute par la couverture. Je l’ouvre, découvre, dans la courte note biographique que Roger Vailland a été journaliste. Journaliste comme moi. Et qu’il parle de la condition ouvrière : « 325.000 francs est la somme que doit se procurer Busard s’il veut obtenir la main de Marie-Jeanne. Il va s’atteler à sa machine, esclave d’un travail inhumain… Sera-t-il plus fort que l’engrenage dont la cadence obsédante rythme ses nuits et ses jours ? »
 

La condition ouvrière, comme la petite ville où je vis encore alors, où j’ai passé mon enfance, mon adolescence. Je parcours les premières lignes du roman : « Le Circuit cycliste de Bionnas se dispute chaque année, le premier dimanche de mai, entre les meilleurs amateurs de six départements : l’Ain, le Rhône, l’Isère, le Jura et les deux Savoie. C’est une épreuve dure avec franchissement trois fois du col de la Croix-Rousse, à 1 250 mètres d’altitude. »
 

Ah, le cyclisme je l’avais pratiqué comme ça dans mon adolescence avec les amis. Nous roulions sur les routes de l’Aisne, surtout dans les environs de Tergnier. Le mont Tortue, près de Saint-Nicolas-aux-Bois, était un peu notre mont Ventoux. Mes copains s’engagèrent au VCT, le Vélo-club ternois, comme de véritables petits légionnaires de la condition ouvrière.
Je les suivais, guettant leurs performances, les encourageant sur les bords de route, les encourageant sur les bords de routes, guettant leurs performances Je me souviens de tout, les meilleurs, les vainqueurs, des noms ancrés dans ma mémoire : ils y flotteront à jamais, comme des ombres et tournent, tournent encore sur le vélodrome de mon crâne d’adulte. Les mollets rasés, les crèmes chauffantes, les pommades pour s’enduire les jambes en dessous des cuissardes.

     
La famille Vailland            Roger Vailland entouré du couple Ballet

Tergnier, dans l’Aisne. Tergnier, ma ville ouvrière, souvent communiste au cours de son histoire politique. Je ne devins jamais coureur cycliste amateur. Les études, au CES Joliot-Curie, me happaient. Et mes parents n’avaient pas de voiture pour me véhiculer à La Fère, à Bichancourt, à Montescourt-Lizerolles, à Gauchy, où se déroulaient, les dimanches, les courses cyclistes. Alors, j’ai fini par opter pour la football.
 

Avais-je dans mes rêves olfactifs des odeurs des Musclor ou de Decontractyl Baume, lorsque je me mis à lire les premières lignes de 325 000 francs ? En tout cas, j'ai pris le livre, le déposai sur le comptoir, et payai. Je le lus le soir même. Et ce fut le choc. J’ai lu 325 000 francs en une nuit. Le lendemain, je n’étais pas très frais en arrivant à la rédaction locale de L’Aisne Nouvelle. On me regardait d’un drôle d’air.
 

«  Tu as fait la fiesta » ? On a les cernes sous les yeux qu’on peut quand on a découvert un écrivain, qu’on est tombé sous le charme. C’est un peu comme un coup de foudre ; ça vous terrasse, ça vous emporte ; ça vous grise. Comme un grand coup d’électricité. Fatigué mais heureux. La même impression que la découverte Le Grand Meaulnes, d’Alain-Fournier en troisième.
 

Qu’est-ce qui m’avait tant séduit dans 32 5 000 francs ? L’histoire, bien sûr. Le style aussi. Des phrases courtes, sans graisse, peu d’adjectifs, juste le strict nécessaire ; la métaphore est rare, mais toujours juste et précise, comme un coup de surin ; l’utilisation, de temps à autre, d’une ponctuation singulière, chère à Paul Morand et à Stendhal, du point/point-virgule. Chez Vailland, on sent la respiration du sportif, les battements de cœur de Busard, ceux du Bressan. C’est si simple qu’on a l’impression de lire le journal, un reportage. Pourtant, cela n’a rien à voir avec le journalisme. Vailland, adepte de Diderot, de Laclos, tord discrètement le cou à la réalité ; il la flingue.

Mais toujours avec un silencieux. On n’entend rien ; on ne voit rien. On ne sent pas l’effort, ni les ficelles de ce grand prosateur, professionnel aguerri, déjà, au reportage, à la micro-locale, au faits divers, à l’enquête minuscule mais essentielle à la fourmilière des lecteurs anonymes. D’emblée, j’aimais aussi le ton de ce roman ; ses dialogues carrés, puissants, jamais bouche-trou, mais qui, toujours, font avancer la narration, un peu comme chez Simenon ou comme chez les grands Américains (Ernest Hemingway, Henry Miller).

 

Enfin, la critique sociale, pas militante, non, sociale, comme une manière de communisme rentré, un ouvriérisme en dentelles et en jabot, élégant comme un marquis du XVIIIe. Un communisme rentré qui, de suite, me séduisit, moi le petit libertaire mal dégrossi qui, en cours de philosophie au lycée Henri-Martin, rêvait de Bakounine et de Proudhon, un petit libertaire qui entrait brutalement dans la réalité du monde du travail, qui se frottait aux conflits sociaux dans les usines noirâtres du Saint-Quentinois, aux grèves interminables chez Motobécane, dressant des portrait à cru des délégués de la CGT qui tenaient tête aux patrons, ne lâchaient rien. Un ex-petit libertaire qui découvrait la vraie misère : celle des prolétaires sous-payés, des chômeurs. Oui, tout chez Vailland me rappelait ma petite ville rouge de Tergnier, le journalisme de terrain que je commençais à pratiquer. Oui, ma rencontre avec Vailland fut un coup de foudre. Une histoire de cœur plus que de raison.

   
 

Quelques jours plus tard, même phénomène après la lecture en une nuit d’Un jeune homme seul, à la couverture très "ferroviaire" (un pylône, une passerelle, un feu de signalisation bicolore, une silhouette gris-bleu). L’indication que j’ai alors mentionnée derrière la couverture est cette fois plus précise : « Octobre 1980 (nuit du 6 au 7/10/80). » Je m’accroche à Vailland comme on s’accroche à la cocaïne ou à l’alcool. C’est si bon. Là aussi, dès les premières lignes, il est question de bicyclette.
« Eugène-Marie Favart, élève de seconde au lycée de Reims, rentre chez lui à bicyclette, un après-midi de mai 1923. Il vient de dépasser l’octroi de la route de Laon et il aperçoit déjà, entre deux maisons en ruine, la villa de ses parents. » Quinze lignes plus loin, un cycliste arrive en sens inverse, « à grande allure, courbé sur un guidon de course. Il fait un écart, évite Eugène-Marie, mais ne parvient pas à redresser ; la roue avant prend le trottoir en écharpe, l’homme s’envole par-dessus le guidon et atterrit sur un tas de gravier. Eugène-Marie bloque les freins et saute à terre, sans voltige. »


L’homme est blessé ; c’est un ouvrier polonais. Il ne dira rien même si Eugène-Marie, fils de bourgeois, est en tort. « Les ouvriers polonais sont mal vus à Reims en ce moment. Chaque fois qu’il y a un crime, on arrête d’abord les Polonais. Quand celui-ci a su que j’étais le fils d’un ingénieur, il a compris qu’on lui donnerait tort. »

 

Cette scène, morceau de bravoure littéraire, est exemplaire. Vailland dépose sur le bitume ses outils de marxiste ; il creuse, déterre les pavés de la philosophie idéaliste pour atteindre la glaise du matérialisme. Ce n’est pas la lutte des classes ; c’est la collision des classes. Intérieurement, n’importe quel lecteur sensible enrage ; Roger Vailland sait y faire. C’est un très grand écrivain.


Je ne sais pas encore qu’Eugène-Marie n’est autre que le romancier lui-même ; je ne sais pas encore qu’il a passé son adolescence à Reims, dans une belle villa du 283, avenue de Laon, maison qui existe toujours, devant laquelle plus tard, bien plus tard, je passerai et repasserai, désespéré qu’aucune plaque ne mentionne qu’ici, à l’étage de cette habitation, les apprentis-poètes Vailland, Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal et Robert Meyrat, à l’étage, protégé par un auvent, dans ce qu’ils avaient appelé « l’observatoire », les Phrères simplistes s’adonnaient au tétrachlorure de carbone et fomentaient déjà le mouvement poétique du Grand Jeu, parallèle au Surréalisme. Je ne savais pas grand-chose mais déjà, je pressentais que ces points communs avec Vailland ne cesseraient de me fasciner. De m’habiter.

 

Reims, cette ville dans laquelle nous descendions, ma famille et moi, pour une correspondance qui nous menait au château de Sept-Saulx (Marne) où mon grand-père maternel était jardinier. Merveilleuses vacances  où mon cousin Guy et moi pêchions dans la Vesle qui, en aval, traversait Reims qui la polluait, la violentait. Cette fraîche petite Vesle aux eaux céladon, aux reflets azurins, sur lesquelles Roger Vailland et ses amis poètes avaient certainement laissé traîner leurs regards embués par le tétrachlorure de carbone.
 

Je me retrouvais aussi, dans ce roman, car il n’est rien d’autre qu’une histoire de résistance cheminote, résistance – celle du Renseignement - à laquelle Roger Vailland participa avec un courage physique inouï. Cette fois, c’était ma propre adolescence à Tergnier qui me revenait.
 

Des ados qui jouaient du rock et du blues, fréquentaient les bars et même des bars de nuit. Nous buvions trop, faisions la fête. Parfois, au bar, un vieux cheminot, ou un vieux ferrailleur, ou la vieille Blanche, pasionaria du PC, un peu plus éméchés qu’à l’habitude, lâchaient des confidences un peu lasses à propos de leur guerre, de cette résistance communiste à laquelle ils s’étaient adonnés en toute modestie, « par simple devoir ». Nous les écoutions peu, trop peu. Et laissions passer ces guirlandes de souvenirs qu’éclairaient les phares des locomotives qui déraillaient sur la ligne Tergnier-Laon-Reims, du côté du pont de La Fère.

« Ces trains boches qu’on faisait péter ; ces collabos qu’on zigouillait et qu’on balançait dans les puits ou qu’on enterrait dans les caves… » Tous ces souvenirs que nous, jeunes fêtards de l’après soixante-huit trop festif, nous laissions s’évaporer dans l’air glacé et impitoyable du temps qui passe…

Ces souvenirs me revenaient alors que je lisais, de nuit - le grand train de nuit de la lecture -, Un jeune homme seul. Tout me parlait, m’interpellait, m’émouvait, me révoltait. Je venais de trouver Vailland ; je ne le lâcherai plus.
 

Un peu plus tard, ce fut Les Mauvais Coups, ce sublime petit grand roman ; ces histoires d’amour, de chasse, d’alcool. Ces dés de marc que s’envoient le narrateur (Vailland, très certainement) et sa maîtresse (Boule, certainement). Un livre d’une densité rare.
A L’Aisne Nouvelle, je me prends pour Vailland, toujours avec les "vieux journalistes", dont l’un a la trogne de Blaise Cendrars.
 

 Plusieurs scènes du roman de Vailland Les Mauvais Coups m’ont marqué : « Il s’assit sur le lit et la regarda. Les paupières étaient boursouflées et les poches sous les yeux striées de veinules bleues ; ils avaient pris une fameuse cuite, la veille au soir. Elle ouvrit un œil. » Milan et sa compagne Roberte ont prévu d’aller chasser le canard à l’aube, à la hutte. C’est le matin. Les effets de l’alcool se font sentir. Milan parvient à se lever, Roberte traîne dans le lit, abrutie par l’ivresse finissante. Une gueule de bois terrible. Milan connaît le remède : reboire un peu de ce qui, la veille, vous a enivré. Il sort la bouteille de marc, avale quelques dés. Il en propose à Roberte pour, qu’enfin, elle se lève et accepte de l’accompagner traquer les canards. Elle boit à son tour, et, comme par magie, se lève. A Tergnier, on appelait ça « réactiver la chaudière ».
Peut-être une expression de cheminots, comme ceux d’Un jeune homme seul.
 

Puis ce fut en janvier 1981, l’un des plus beaux cadeaux qu’il reçut : Les « Écrits intimes », mémoires de Roger Vailland, paru à titre posthume en 1968), illustrés de la magnifique photographie de l’auteur (visage émacié, nez-bec d’aigle, regard de braise de montagnard alpin, bouche charnue de libertin du XVIIIe siècle) signé Marc Garanger.
 

     

Huit cent trente-six pages denses, drues. Je crois que j’ai tout lu. De la première lettre, datée du 30 avril 1923, écrite au 283 de l’avenue de Laon, à Reims, adressée à son professeur adulé René Maublanc, à son dernier texte, écrit à Meillonnas, le 4 avril 1965. Et ces mots ultimes : « Depuis huit, dix jours un printemps blanc : pas de nuages, pas de chaleur, mais le bleu-blanc du ciel comme au comble de l’été. » Puis cette note de bas de page de l’éditeur : « Roger Vailland est mort le 12 mai 1965, de cette maladie dont il semblait tout à la fois soupçonner et ne pas soupçonner clairement la gravité. Il avait pris la décision, quelques mois plus tôt, de se suicider au terme de ses cinquante-huit ans, le 16 octobre 1965, au cas où son état de se serait pas amélioré. Le jour de son enterrement, le cercueil était recouvert d’un drap de la Libre Pensée. »
 

Un temps de malaise personnel tempéré par la lecture des ces Écrits intimes qui, souvent, jouèrent sur mes nerfs de jeune homme le rôle d’un antidépresseur rassérénant. Vailland y évoque ses « saisons », de ses longues périodes de doute, d’angoisse. Je me sens moins seul, je prends conscience qu’il était aussi picard, comme moi, né à Acy-en-Multien, dans l’Oise et pas très loin de Silly-le-Long, village de mon arrière-grand-mère Laure.
Mais Vailland n’est jamais revenu à Acy-en-Multien.
 

J’y suis retourné au début des années deux mille, contempler sa maison natale : deux étages en pierre blanche, située rue de Meaux, avec un portail. Aucune plaque pour rappeler la naissance de Roger François Vailland le 16 octobre 1907. On trouve quand même une photographie de cette maison dans la biographie d’Yves Courrière, Roger Vailland ou un libertin au regard froid (Plon, 1991, page 337).
 

    Philippe Lacoche

L’Oise encore quand on lui demande en 2007 d’écrire le livre d’un oratorio et qu’il choisit d’évoquer la vie de Roger Vailland. L’œuvre Drôle de vie, Drôle de jeu (texte : Philippe Lacoche. Musique : Graciane Finzi) fut créée à l’abbatiale de Saint-Martin-aux-Bois. Paradoxe pour le libre penseur que fut Vailland.
 

Au printemps 1984, on lui propose une interview en lui disant : « Je crois que tu aimes Roger Vailland. Tu devrais aller interviewer Jacques-Francis Rolland ; c’est un ami qui habite dans le coin à  Silly-Tillard. Il vient d’obtenir le Grand Prix du Roman de l’Académie française pour Un dimanche inoubliable près des casernes. Il fut le plus proche ami de Roger Vailland ; le personnage Rodrigue dans Drôle de jeu, c’est lui... Vous allez bien vous entendre…»
 

Jacques-Francis me reçut les bras ouverts, étonné que je connaisse aussi bien l’œuvre de son copain Vailland, un exclu du PC en novembre 1956 alors que Roger s’en éloigna quand il apprit avec horreur les crimes du stalinisme… cette amitié naissante ne s’interrompra qu’à sa mort en juin 2008.
Il me conta notamment comment, en 1945, correspondants de guerre auprès de l’armée de Lattre pour Action et Libération, ils avaient traversé le pont de Remagen arrosé des balles des mitrailleuses teutonnes « qui ricochaient sur les poutrelles d’acier », comme Jacques-Francis le racontait aussi à Yves Courrière (page 334 de sa biographie).

« Roger Vailland avançait sans se presser. Image pour une vie que celle de ce dandy cravaté de rouge, un peu pâle mais le sourire aux lèvres, cinglant avec impertinence le parapet métallique de son stick d’officier de l’armée des Indes. Elle était conforme à sa conception de l’existence, à sa manière de se décider et d’avancer tout droit, à la fois frêle, courageux, sarcastique, sensible à la violence et à la beauté. » On appelle ça le panache.

 

             
Autour de Roger Vailland   Biographies               Jacques-Francis Rolland et Vailland

 

Un autre « vaillandiste », et pas des moindres : Jean-Jacques Brochier. Il fut mon rédacteur en chef au Magazine littéraire et, attablés au Rouquet, nous évoquions pendant des heures un Vailland dont il connaissait l’œuvre à fond et auquel il consacra un ouvrage en 1969.

La biographie de Jean-Jacques Brochier
 

Plus récemment, préparant un reportage sur la bataille de la Somme, j’ouvris Sacré métier ! Roger Vailland journaliste, une réédition d’une large compilation des articles du Vailland-journaliste que Le temps des cerises vient de rééditer. Je dévore un article intitulé « C’était en 1914 : l’apprentissage de l’horreur », paru dans L’Humanité du 1er août 1954. Ses parents ont alors envoyé le jeune Roger près de Massy-Palaiseau pour le mettre à l’abri de la guerre. Voilà ce qu’en a retenu Philippe Lacoche :

Un matin, il trouve le parc plein de soldats : une compagnie d’infanterie y a été envoyée au repos après des jours de combats au Chemin des Dames. Le jeune Vailland veut engager la conversation avec ces héros. Pour ce faire, il se munit de son sabre de bois en hurlant : « Voilà les Boches ! A l’assaut ! ». L’un des Poilus se lève doucement, lui prend le sabre des mains et le casse sur ses genoux. Puis il retourne se coucher dans le pré au côté de ses camarades, harassés. « C’est à l’heure du vaguemestre, quand toute la compagnie se trouvait rassemblée dans la cour, qu’il apprirent qu’ils allaient remonter au front et dans le même secteur », poursuit Vailland dans son article.


« Le silence se fit total. Et puis soudain le plus jeune s’assit par terre et sanglota. Personne ne s’occupa de lui. Ils paraissaient tous frappés de stupeur, comme au premier jour. Moi, je n’avais encore jamais vu un homme sangloter. Je fis brusquement la somme des étonnements d’une semaine. J’eus la certitude, comme une illumination, que l’on m’avait menti depuis le début de la guerre. Le front n’était pas le merveilleux domaine où l’homme se surpasse dans l’héroïsme. C’est un monde morne, où il se passait des choses tellement horribles qu’il était impossible de les raconter. J’eus soudain honte de mes enfantillages, et j’allai en cachette mettre au feu le nouveau sabre de bois que je m’étais fait faire par le jardinier. »
 

Brusque apprentissage de la face cachée de la guerre. Ainsi, pas de plaque commémorative pour Vailland, ni sur sa maison natale d’Acy-en-Multien ni sur celle de son adolescence, avenue de Laon, à Reims. L’ancien résistant, le "hussard de gauche" détestait la guerre. Ni pacifiste ni vraiment antimilitariste non plus, c’eût été trop simple pour un homme aussi complexe que Vailland, certainement pas cocardier, simplement conclut Philippe Lacoche « La lucidité inspirée d’un très grand écrivain. »

                                            

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25 octobre 2017

Alain-Georges Leduc et son œuvre

ALAIN-GEORGES LEDUC entre art pictural et littérature

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     Pendant une conférence sur Yves Klein

Alain Georges Leduc,originaire du Cambrésis mais né à Paris en 1951 est un écrivain et critique d’art français, professeur à l’École supérieure d’art de Metz, où il enseigne l’histoire de l’art moderne et contemporain, ainsi que l’analyse des formes. Il a obtenu le prix Roger-Vailland, en 1991 pour son second roman, Les Chevaliers de Rocourt. Il est également membre de l'AICA, l'Association internationale des critiques d'art, et de l'AISLF, l'Association internationale des sociologues de langue française.

Il a passé dans le village d'Eswars une grande partie de sa jeunesse et y est resté très attaché. C'est ce qu'il rappelle dans la notice du Festival de sculptures contemporaines de 2011 qui s'intitule Escaut, rives, dérives et dans laquelle il écrit en particulier: « J'ai toujours connu l'Escaut et pas seulement pour l'avoir vu quinze ans durant quotidiennement en ouvrant les volets de ma chambre quand j'habitais à Eswars. »

Biographie détaillée de l'auteur : Alain Georges Leduc
Alain Georges Leduc et la socioanthropologie, cliquez : La Socioanthropologie

SOMMAIRE

1- Alain Georges Leduc écrivain et romancier

2- Alain Georges Leduc et la littérature

Alain Georges Leduc et Roger Vailland Grand spécialiste de l'écrivain Roger Vailland, il lui a consacré de nombreux articles et en 2007 a publié une biographie de l'auteur intitulée Roger Vailland, un homme encombrant. Il participe activement avec entre autre Christian Petr et René Ballet à l'association des Amis de Roger Vailland. Avec la collaboration d'Élizabeth Legros, il a créé et dirige le site internet consacré à Roger Vailland.

                
Sa bio de Mirbeau              Roger Vailland et Pierre Soulages

Alain Georges Leduc et JMG Le Clézio : cliquez Leduc et Le Clézio

3- Alain Georges Leduc et l'art

    
Céleste Bollack                                        Filomena Borecka

4- Alain Georges Leduc et la peinture moderne

    
Kjell Pahr-Iversen                                      Odile Levigoureux                       Cristian Sida

5- Art et sculpture : Escaut, rives, dérives

Escaut, rives, dérives
L'association culturelle "Escaut et Acier" située à Douchy avenue Julien Renard, est spécialisée dans les arts plastiques. Elle met en place pour 2011 une manifestation culturelle itinérante, le Festival de sculptures contemporaines, pour couvrir le Valenciennois, le Cambrésis, le val de Sambre et la région de Mons en Belgique. Sous l'égide de son président Jean-Pierre Roquet et du commissaire général à l'exposition Alain Georges Leduc, elle se veut aussi action populaire, orienté vers des publics très divers, des scolaires aux handicapés, des foyers d'insertion vers les usines et les entreprises.

Son but est aussi de ne pas se cantonner simplement aux villes mais de s'arrêter le plus possible dans les villages et de créer un climat de confiance pour favoriser le contact entre les artistes, la population et la sculpture contemporaine. Comme le note Alain Georges Leduc dans sa notice de présentation "Escaut, rives, dérives" : « Notre souhait est que l'on puisse dialoguer, échanger, apprendre à travers un parcours commenté et guidé au cœur d'un territoire dont l'Escaut est le trait d'union. [...] Ce festival d'art contemporain entend faire œuvre d'éducation et ce, de la maternelle à l'université. »

       

Art et sculpture
Dans sa plaquette Escaut, rives, dérives, Alain Georges Leduc donne sa vision de la sculpture et de la place de l'art dans la cité. Dans la relation de l'homme et de la sculpture, se dessinent d'abord le grain de la matière et la préhension des formes mais le regard a pris peu à peu le pas sur les autres sens. L'approche de la matière par le toucher -la dimension 'haptique'- est pourtant plus 'sûre' que la vision avec ses biais de perspective et de trompe-l'œil. Le rapport à l'objet est un rapport au désir, un besoin rétrospectif de complémentarité. Les matériaux 'nobles' -pierre, marbre, bronze, bois- sont concurrencés et même remplacés par l'acier, le verre, le plastique, voire par des matériaux composites. Ces changements résultent aussi bien d'une autre conception de l'objet d'art que des évolutions technologiques et relatives aux matériaux utilisés.

La notion de sculpture en tant qu'objet a elle-aussi beaucoup évolué. « Il va falloir aujourd'hui ... élargir ce champ qui s'est depuis encore étendu, complexifié » note Alain Georges Leduc. La sculpture a été pendant longtemps un univers rassurant fait de statues, de monuments aux morts trônant sur les places des villages... L'évolution se veut remise en cause, éclatement du cadre du tableau, disparition du socle des sculptures avec une tendance à une certaine dématérialisation. En matière de sculpture, l'absence, le vide est un élément essentiel constitutif de l'ensemble, « une dialectique du vide et du plein » écrit Alain Georges Leduc.

L'art, tel qu'il le conçoit, est une éducation, partant de la création de l'œuvre et de ses différents aspects : forme, composition, iconographie, couleurs, matériaux, techniques utilisées, reposant sur ce paradoxe fondamental de « rendre visible le visible. » Dans sa dimension pédagogique, il doit aussi participer à un projet collectif et rapprocher les hommes. L'art et la sculpture « sont des vecteurs puissants d'émancipation qui concourent à la formation de chacun et les meilleurs ambassadeurs de la liberté et de la citoyenneté. »

             
Brèves de sculpture            Les mots de la peinture

6- A propos de la peinture

Voilà sa réponse au sujet du dictionnaire Les mots de la peinture paru aux éditions Belin en 2002 :

« La peinture est diverse, pourtant elle est un tout.
Quoi de plus dissemblable en effet, mais aussi de plus proche, qu’une fresque du paléolithique supérieur et un tag sur les flancs d’une :voiture de métro new-yorkais ? Quoi de plus différent, vous en conviendrez, que le destin tragique de Vincent Van Gogh et celui – dionysiaque –, de Pablo Picasso ? Quoi de plus opposés, aussi, du point de vue de l’épaisseur de la pâte, qu’un Vermeer de Delft, un Titien, un Cézanne ou un Dali ?
Mais un 'tout' n’est pas un bloc insécable.
Je prendrais volontiers, pour parler à vos auditeurs des Mots de la peinture, une comparaison dans le domaine de la géologie. Mon livre :ressemble aujourd’hui à mes yeux, maintenant qu’il m’a “échappé”, à un morceau de micaschiste. Il est fait de strates, de fines :pellicules de mémoire.
J’ai voulu, avec beaucoup de passion me dit-on, avec beaucoup de plaisir en tout cas, travailler aussi bien le cœur que la peau de mon :sujet, un sujet que j’ai fini, me semble-t-il, par progressivement connaître, depuis près de trente ans que je l’enseigne à de jeunes :étudiants d’écoles supérieures d’art et d’une école d’aéronautique.
C’est le seul ouvrage à ma connaissance qui rassemble des entrées tant techniques, d’histoire et d’esthétique, que les termes afférents :du marché de l’art, et ceux concernant tant les supports que les outils spécifiques. » [1]

Bibliographie
- "Vanina Hesse", Le temps des cerises, 2002;
- "Dans la mélasse", Liberté-Hebdo/Sepecn, 2000 : roman policier qui nous plonge dans le milieu des betteraviers du Hainaut/Cambrésis;
- "Les Chevaliers de Rocourt", Messidor, 1991 : Prix Roger-Vailland 1991;
- "Le Grand Diable Mammon d'Argent", Messidor, 1989

- Portrait de ville :
- "Flâneries vitriotes", Comm’édit, 2000 : portrait de Vitry-sur-Seine;
- "Méricourt, les Saisons", La Dispute, 1999 : un portrait de ville, "Calais, ville ouverte", France Découvertes Collectivités, 1996 : portrait de ville avec photos de François Van Heems), "Seclin" Messidor, 1990 : portrait de ville

- Domaine pictural : "Les mots de la peinture", éditions Belin, 2002 : dictionnaire des terminologies artistiques,

- Essais-enquêtes : "Liberté de presse", Musée de poche, Escaudœuvres/Haulchin, 1995, "Le Livre", Esthétique-Cahiers, 1994 : le papier et la presse;
- "La grande Nuit", Syros, 1993 : le travail de nuit en France;
- "Tunnel-Channel", Printemps Culturel du Valenciennois, Douchy-les-Mines, 1992 : enquête sur le 'chantier du siècle'

- Poésies : "Écorces", Succion, Toulouse, 1975, "Cobalt", Quetzalcoatl, Liège, 1977, "Séracs", Castor Astral, Talence, 1978, "Torses", Gambrinus, Proville, 1980, "Alors, lent, le cartulaire...", Strass polymorphe, Lille, 1984, "Langues et langages pour un silence", Althéa, Lille, 1984), préface d'Eugène Ionesco, "Miscellanées", 1986, "Les 13 meurtrières", 10X13, Salesches (Nord), 1988, "Les olives sucrées du Yang-tsé-Kiang", Ecbolade, 1989, "Arums", Gambrinus, 1989, "Géorgie, Georgie', Éditions du Faisan doré, 1992), "Géodes", 1997, "Portraits de pierre", 1999, "Les Oléandres", 2000

Autour de Roger Vailland, mes articles sur Wikipédia

Liens externes - Les mots de la peinture -- Escaut Rives Dérives --

Voir aussi : Alain-Georges Leduc, Biographie --

Notes et références

  1. Voir Alain (Georges) Leduc : Vailland et les peintres entre esthétique et politique, conférence à l'ENS de Lyon, 2007

<> • • Christian Broussas • AG Leduc,  son œuvre • °° © CJB  °° • • mai 2017 <>

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