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Frachet Roger Vailland
4 février 2013

Un aficionado de la vie, Vailland

Un aficionado de la vie est le titre d'un article de François Bott sur l'écrivain Roger Vailland paru dans "Entretiens, Roger Vailland" en 1970 aux éditions Subervie.
François Bott a également écrit un ouvrage important sur Roger Vailland, intitulé Les saisons de Roger Vailland paru chez Grasset en 1969.

         

« Aficionado veut dire amateur » précise François Bott. [1] La passion de l'amateur a ceci de particulier qu'elle est raisonnée, jouer en se faisant plaisir, en faire une fête, telle qu'il la décrit dans son roman La Fête.

Il était une fois trois amis à Reims qui étouffaient dans l'atmosphère confiné des lendemains de la première guerre mondiale et « suivaient les chemins de Rimbaud » dans la poésie et la drogue. Des trois amis, seul survécut, « à force de légèreté » Roger Vailland [2] qui « tient sa fêlure à distance » : celle de l'ironie. C'est cette période de l'entre-deux-guerres que François Bott appelle « sa saison de l'absence. » Roger Vailland, le 'jeune homme seul' se lance dans la bataille, rejette cette société qui lui rappelle sa jeunesse rémoise, veut se désaliéner, se façonner. Son acte initiateur, c'est son entrée dans la Résistance, prendre les risques nécessaires pour asseoir sa souveraineté. [3] Souveraineté, maître-mot chez Vailland qui étayera son engagement communiste sur cette démarche, la recherche de cet 'homme de qualité' qu'il traque constamment, celui qui « se domine et se possède. »

Aficionado de la vie, il mène comme Ernest Hemingway toutes sortes de saisons : sport, surréalisme, drogue, botanique... chaque roman aussi est une saison, notant chaque jour sa performance, [4] comme Casanova dan son Carnet de comptes d'un homme heureux. [5] En 1956, quand on eut assassiné 'sa saison communiste', il écrivit La Loi où il incarna en Don Cesare, sa déchirure. Quelques mois avant sa mort, il brûlait de commencer une nouvelle saison, faisant dans un article l'éloge de la politique, dont les thèmes majeurs du bonheur, de la révolte et de la critique de la société bourgeoise se retrouveront en mai 1968. [6]

Notes et références

[1] Voir l'approche sémantique de ce terme par Vailland dans son essai De l'amateur paru dans son recueil "Le Regard froid"
[2] Roger Gilbert-Lecomte meurt en 1943 et René Daumal en 1944
[3] Duc, le héros de La Fête dit « il est possible que je n'ai pris... le risque d'aller en prison, de me faire tuer ou d'être torturé que pour me faire à moi-même la preuve de ma souveraineté sur moi-même. »
[4] À l'aide de son célèbre graphique indiquant le nombre de journées en ordonnées et le nombre de pages écrites chaque jour en abscisses.
[5] Voir le court essai éponyme inclus dans "Le Regard froid"
[6] Il y écrivait notamment : « Se conduire en politique, c'est agir au lieu d'être agi, c'est faire l'histoire au lieu d'être fait, d'être refait par elle. » François Bott y voit un rapprochement entre les thèses de Vailland et celles de Marcuse.

Voir aussi
  • "Lettres à sa famille", Roger Vailland, éditions Gallimard, Paris, 315 p, 1972, préface et notes de Max Chaleil
  • "Revue Europe no 712-713", numéro spécial consacré à Roger Vailland, 1988
  • "La conquête de la liberté", Le Magazine littéraire no 294, articles de Yves Courrière, Jacques-Francis Rolland, Claude Roy, René Ballet, Jean Sénégas…, 1991
  • "Roger Vailland" : œuvres complètes, 12 volumes, Éditions Rencontre, Lausanne, 1967-68

 <<<<<<<<<<<< Christian Broussas - Feyzin - août 2011 - <<<<<<<<<<<<<< © • cjb • >>>>>>     

 

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