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Frachet Roger Vailland
4 février 2013

Roger Vailland au jour le jour

Élisabeth Vailland, interviewée par Max Chaleil, évoque ses souvenirs et sa vie avec Roger Vailland (Entretiens, Éditions Subervie, 1970) [1]

                       

Pourquoi les Écrits intimes ?

Pour Élisabeth Vailland, la décision de publier les Écrits intimes, c'est d'abord répondre aux nombreuses sollicitations dont elle était l'objet après la mort de Roger (beaucoup de gens venaient la voir à Meillonnas pour parler de Roger, pour l'interviewer) et c'est aussi pour lui être fidèle, pour respecter ses écrits en publiant l'intégralité des textes. « Entre certains êtres, on ne peut pas tricher » précise-t-elle. Il ne savait pas encore quelle forme prendrait ses documents, ce journal qu'il tint par intermittence, ces lettres de Capri, de Moscou, d'Élisabeth qu'il avait conservées et scrupuleusement classées.

Chaque jour était une merveille

« Vivre avec Roger, c'était avoir du courage » précise-t-elle, pour vivre son impatience et en même temps son désespoir et son bonheur excessif. Un homme complexe où la facilité est bannie, ce que finalement elle aime aussi en lui. « Il portait une grande fragilité, » vivre à ses côtés était pour elle synonyme de fantaisie, d'invention, une très grande complicité doublée d'ajustements permanents, une vie contrastée d'un couple intégré à la vie du village qui pouvait aussi partir pour des virées parisiennes qu'il appelait « les ballets nocturnes. » La souveraineté -ce mot qu'il affectionnait- commençait par la liberté dans le couple, des moments d'étroites relations mais aussi d'autres moments de retraits, d'indépendance. (voir ci-dessus le témoignage de Franck Delorieux)

Ils se sont rencontrés en 1949 à l'époque où Roger habitait Sceaux et écrivait Bon pied, bon œil, emballé par son héros Rodrigue érigé en modèle, communiste jeune et dynamique. Il mène une vie bohème. L'année suivante, ils partent en Italie, Rome [2] et Capri chez l'ami Malaparte. Il repart ensuite pour un nouveau voyage en Indonésie [3] et ce n'est qu'à son retour qu'ils vivront ensemble. Roger Vailland en a marre de cette vie, de Paris et du milieu qu'il fréquente. Ils partent alors s'installer dans une maison sans confort aux Allymes, un hameau d'Ambérieu-en-Bugey dans le département de l'Ain.

Là-bas, ils vont mener tous les deux une vie de militants communistes avec leur ami le député communiste Henri Bourbon et nouer des liens étroits avec les cheminots d'Ambérieu-en-Bugey ou les ouvriers des filatures de la vallée de l'Albarine. [4] Malgré l'inconfort, ils diront tous les deux que ce fut sans aucun doute « la plus belle saison de leur vie. »

Sa conception du couple, Roger la définit pour Élisabeth : « Le péril pour un couple qui fait vie commune, c'est qu'il y ait union et non réunion. » Et Élisabeth d'ajouter : « Ne jamais confondre sentiment et plaisir. » Elle trouvait extraordinaire qu'il ne se fût pas lassé d'elle, que la pression des habitudes quotidiennes n'ait pas tué l'émerveillement de chaque matin. À Meillonnas, ils marchaient beaucoup dans la montagne du Revermont, « Roger s'occupait du jardin : il greffait les arbres, les taillait... » Il est mort « heureux » comme elle l'a dit, en tout cas consolé de ne pas être gâteux, une hantise pour lui. [5]

Après la mort de Roger, elle recevra ce témoignage d'amitié qui commence ainsi :

             Je me sens si loin de ton malheur                      Dès mon retour, j'irai à Meillonnas

             Sur cette île de l'océan indien                              M'épancher auprès de toi Lisina,

             Où j'ai placé mes pas dans les siens,                  Retrouver enfin ton rire enjoué,

             Où je ne suis que boule de douleurs.                  Partager un moment d'intimité.

Notes et références

[1] Reprise de l'article intégré dans la fiche Elisabeth Vailland

[2] À Rome, il est en reportage pour les journaux Action et Tribune de la Nation

[3] Voyage où avec les nombreuses lettres envoyées à Élisabeth, il bâtira un récit de voyage : Boroboudour

[4] De ces expériences naîtront en particulier deux des romans les plus connus de Vailland, Beau Masque et 325.000 francs

[5] Voir aussi : Elisabeth, site Roger Vailland

* Dossier Lectura

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