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Frachet Roger Vailland
1 février 2013

Roger Vailland, tentative de description

Roger Vailland, tentative de description

d'après Jean-Jacques Brochier, édition Losfeld, 1969

Le livre "Roger Vailland, tentative de description" se présente comme un essai sur l'œuvre, la personnalité et le parcours de l'écrivain Roger Vailland, écrit par l'écrivain, éditeur et critique Jean-Jacques Brochier.

   

Présentation générale
SOMMAIRE
  1. Surréalisme et journalisme
  2. La Résistance - D'Andrée à Élisabeth
  3. Le communiste et la saison des Allymes
  4. Du bolchevik à Don Cesare
  5. Le roman du romancier - La Truite
  6. Vailland et le théâtre - Suétone
  7. Bernis et les libertins - Le regard froid

Les romans de Roger Vailland représentent une tentative, une volonté à partir de son expérience qu'elle soit ou non autobiographique, de réaliser une description de lui-même à travers ses personnages, 'en miroir' en quelque sorte. Au-delà des mots-clés qui le caractérisent souvent, et même s'ils sont nécessaires (libertinage, souveraineté...), apparaît l'importance des temps forts qui ont marqués sa vie, ce qu'il appelle lui-même 'ses saisons', saisons éclatées au contours peu marqués, souvent flous. L'enfant qui défie, le lycéen qui découvre simultanément Rimbaud et la rigueur des mathématiques, l'adolescent, le surréalisme, Marianne, Andrée et Élisabeth, les femmes qui ont compté dans sa vie, la drogue, la résistance, la guerre, le communisme... " autant de saisons sans commune mesure apparente, chacune dans son temps et son espace, qui ne s'articulent pas... qui se juxtaposent, hétérogènes. "

A travers cette mosaïque, on peut suivre quelques fils conducteurs, son rapport à la politique, sa morale, son rapport complexe aux femmes, [1] son art de vivre inséparable de sa vision de la liberté et de la souveraineté. En effet, on peut parler de roman d'éducation quand un personnage se révèle à lui-même et devient souverain, ce qui explique son attachement au XVIII ème siècle, à Laclos, à Sade et même à Goethe. Roger Vailland a souvent dérouté ses contemporains qui l'auraient volontiers rangé dans une case de sa vie, surréaliste, [2] résistant, communiste, libertin, il fut de son vivant repoussoir pour les uns, mythe pour d'autres auteur 'peu fréquentable' qui quitte les intellectuels parisiens qu'il jugeait lui-même peu fréquentables pour aller parcourir le département de l'Ain avec Élisabeth à la recherche d'un autre style de vie.

Le théâtre de Vailand -3 pièces seulement- souffre de ce qu'il était beaucoup moins à l'aise dans les dialogues. a deuxième pièce est une œuvre de circonstance, une réaction à chaud à l'égard du rôle des Américains dans la guerre de Corée, 'guerre impérialiste' qu'il dénonce. Héloïse et Abélard, drame de l'amour contrarié, est curieusement axé sur les 2 personnages masculins, Abélard pur et impétueux et le Prince la désinvolture de l'homme de qualité. En 1949, Vailland ne porte pas encore aux nues la pureté du 'vrai bolchevik' comme il le fera l'année suivante où dans Bon pied, bon œil, Rodrigue le jeune communiste dynamique prend le pas sur la désinvolture fatiguée de Marat-Lamballe. Quant à sa dernière pièce, Monsieur Jean écrite en 1959, c'est d'abord un 'remake', une version modernisée de Don Juan.

Sa conception du théâtre est basée sur les classiques du XVII ème siècle, conception qu'il développe dans son essai Expérience du drame où il combat les thèses de Bertold Brecht. Vailland est un logicien impénitent qui aime ce qui est structuré et récuse aussi bien le théâtre de Samuel Beckett que la poésie 'inorganisée'. Si ses pièces ont été largement boudées, [3] c'est qu'il pensait pouvoir, à travers un contenu nouveau, conserver la forme classique du drame bourgeois.

Il voulait sculpter sa vie à grands coups de certitudes à travers sa propre morale et ses contradictions d'homme engagé dans son époque comme il a voulu sculpter son œuvre avec une plume d'une rigueur incisive, ses organigrammes de travail, ses personnages aux multiples facettes, créés souvent à son image et ses conceptions de la structure romanesque ou dramatique. [4]

Du surréalisme à la Résistance

Ce qu'il retient de sa jeunesse et sa participation au mouvement surréaliste : " Notre fierté se rebella : nous n'admettions pas d'être vaincus dès le départ; et nous avions de solides appétits. Nous décidâmes de devenir poètes. " C'est à Reims que lui et ses amis découvrirent la révolution surréaliste : " La révolution par la poésie. La poésie au pouvoir. Cela n'exige pas de capitaux. Nous étions décidément dans la bonne voie, la Voie royale.

Sa biographie, il la rédige lui-même, avec son ironie habituelle : [5]
- Jusqu'à la puberté : chétif, toutes les maladies de l'enfance....
- De la puberté à 18 ans : extrême timidité peu atténuée par la pratique modérée de sports. Timidité dirimante avec les femmes, provenant sans doute du puritanisme familial, situation générant des conflits familiaux.
- A 18 ans : scarlatine grave qui s'accompagne d'une 'révolution psychique' : sa timidité disparaît, il devient autonome et vit pendant 2 ans avec Marianne Lams;
- Jusqu'en 1950 : rien à signaler malgré une vie agitée et beaucoup d'excès
- Mais de 1927 à 1942 : réactions cyclothymiques dues sans doute au conflit entre son métier de journaliste et sa volonté d'écriture; - Mais de 1935 à 1937 : recours à la morphine accentuée par son mariage avec Andrée Blavette, morphinomane, rechutes de 1940 à 1942, en 1946 après la reprise de la vie commune avec Andrée et depuis, recours fréquents à l'alcool.
Voilà pour sa déclaration d'amour à Élisabeth.

Curieux chemin que celui qui le mènera à la Résistance : parcours chaotique dans le journalisme pendant l'entre-deux-guerres, en 1939-40, il se 'désintéresse' de la guerre et de l'occupation jusqu'en 1942 où subitement, il entreprend une désintoxication drastique [6] et entre en résistance avec courage et désinvolture, ce que rend bien son roman "Drôle de jeu", livre décalé sur la résistance, pris interallié 1945. Il se- rapproche des communistes mais il reconnaît lui-même qu'il n'a pas le "style communiste", il reste en marge, marqué encore par son milieu bourgeois tel le personnage de Marat. [7] C'est à cette époque qu'il prend contact avec le département de l'Ain, à Chavannes-sur-Reyssouze, département où il passera ensuite l'essentiel de sa vie. Déjà deux de ses grands thèmes apparaissent : la distance de soi à soi, la souveraineté.

D'Andrée à Élisabeth

Roger Vailland tourne la page, liquide son mariage-passion avec Andrée Blavette, dont il se sert pour écrire "Les Mauvais coups". [8] Il liquide son enfance et sa famille dans "Un jeune homme seul", un jeune homme qui comme Vailland finira par rejoindre la Résistance. Roman d'apprentissage pour l'un, de la politique pour l'autre. Part d'autobiographie difficile à évaluer. Eugène-Marie Favard est et n'est pas Vailland, Roberte est et n'est pas Andrée Blavette... La vérité profonde du roman, c'est son organisation, sa mise en forme. Le roman du roman possède sa propre autonomie et plus le roman progresse, plus c'est vrai, reconnaît-il dans La Fête.

Roger Vailland n'écrit un roman que s'il connaît bien la réalité qu'il dépeint. Ceci est d'autant plus vrai pour les 2 romans qu'il écrit après son adhésion au Parti communiste en 1952 : Le Clusot dans "Beau masque" et Bionnas dans 325.000 francs [9] où il met en scène la vie des ouvriers et des ouvrières de l'industrie textile et celle de la matière plastique. " A l'époque où j'écrivais ce texte, écrit-il, j'habitais un hameau dans une clairière, au cœur de la forêt qui couvre les contreforts méridionaux du plateau d'Hauteville. " [10] Il développe quelques 'morceaux de bravoure' comme les appelle Jean-Jacques Brochier à propos de chasse dans "Les Mauvais coups" ou de course cycliste dans "325.000 francs". [11] La 'dose' de biographie qu'il instille dans ses romans détermine aussi la distance qu'il prend par rapport à ses personnages. Comme l'écrit Jean-Jacques Brochier, " Vailland ne peut pas 'se mettre à la fenêtre' pour se regarder passer dans la rue, même si le passant s'appelle Eugène-Marie (Favard), avec le même regard froid qu'il peut contempler de sa fenêtre Busard passant dans la rue. " [12] Ces liens entre biographie et écriture sera l'un des thèmes essentiels de son roman "La Fête" paru en 1960.

De "La Loi" à "La Truite"

Comme il s'est donné au libertinage ou à la Résistance, Vailland s'est aussi donné à la politique et au communisme. Et il n'avait pas l'habitude de faire les choses à moitié. Aussi vit-il le processus de déstalinisation engagé en 1956, comme un véritable traumatisme : " J'ai pleuré le jour de la mort de Staline. Et j'ai de nouveau pleuré sur le chemin de Moscou, à Prague j'ai pleuré toute une nuit. " [13] Dans son Journal intime, Vailland raconte comment il a décroché le portrait de Staline au-dessus de son bureau et évoque sa désintoxication de 1942. Pour lui, faire ce deuil équivaut à une nouvelle désintoxication, celle de ses illusions perdues qui le laissent impuissant, seul avec lui-même. Il tente de compenser par un voyage en Italie -c'est Élisabeth qui l'organise comme elle le fera en 1958 pour le voyage à La réunion.

Presque 3 ans après, il écrit 'le roman du romancier', "La Fête", traitant du roman dans le roman, ce qu'André Gide appelait la mise en abyme. Il y narre l'aventure d'un romancier qui vit aussi en-dehors de son roman, manière de dire ce qu'est pour lui le roman, cette fête qu'il appelle 'roman'. "La Fête" est aussi une réflexion sur la conception d'un roman qui s'élabore peu à peu : " Quand je passe au second chapitre, j'en sais déjà beaucoup plus sur mes personnages ", puis il précise : " j'essaie de ne pas inventer. De raconter sans inventer. " Duc son héros ne peut réussir son roman, ses personnages ne sont pas souverains mais guidés par la passion. Dans cet univers bourgeois, la fête charnelle de Duc avec Lucie n'est pas une réussite et c'est Vailland le romancier qui triomphe. La médiocrité empêche Duc d'être heureux, époque dont Vailland écrira : " Dans une société sans mœurs, il n'est plus de délicieux que l'austérité. " Le roman se termine comme il avait commencé, par la même phrase mais cette fois-ci avec des points de suspension... pour que Duc puisse enfin écrire sa version de "La Fête".

Quatre ans séparent ses deux derniers romans "La Fête" et "La Truite", au cours desquels il complète son Journal intime, Paru en 1968 à titre posthume avec des textes complémentaires sous le titre Écrits intimes. reprend ses essais, sépare son œuvre de sa vie. Vailland est dans "La Fête" le narrateur comme dans "Beau Masque" ou "325.000 francs". Mais ce n'est plus le militant ou le moraliste qui intervient, c'est celui qui raconte et témoigne. En ce sens, il sert de synthèse entre "La Loi" et "La Fête", réduisant le rôle de la biographie, tout en tirant la leçon de ses précédentes expériences. Le narrateur est ici acteur-spectateur, regard morose ou ironique sur une réalité où il a encore part.

Le libertin au regard froid

Vailland a toujours eu un faible pour le XVIII ème siècle et du goût pour les libertins de cette époque. Déjà en 1952, il avait écrit un essai sur "Laclos", à la lumière de sa lecture des "Liaisons dangereuses" [14] puis en 1956 un "Éloge au cardinal de Bernis". [15] Contrairement aux césars, incapables de se distancier de leur ego, ces hommes croient aux vertus de la tragédie et de la domination de soi. Cet éloge, Vailland le dédie ironiquement aux politiques " pour les assister dans leur disgrâce prochaine " et aux intellectuels pour leur rappeler que " pour imposer sa volonté au pape, il faut au moins se faire cardinal. " Pour lui, Bernis est le symbole de l'être souverain qui, tout jeune, tient tête au cardinal de Fleury et possède cette lucidité détachée qui lui fait dire : " Je suis excédé de la platitude de notre temps... il me semble être le ministre des Affaires étrangères des Limbes. " Bernis devait être un homme aimable mais inflexible, pas un home facile, surtout pas un perdant comme Roberte ou Busard. Pour Vailland, tout échec est une disgrâce, la grâce devant être obtenue, conquise. Casanova est de ceux-là, [16] c'est un homme de qualité comme Bernis, comme le voudrait Vailland pour lui-même mais il faut conquérir cette valeur qui n'est jamais donnée et difficilement maintenue.

 Le résultat paraîtra en 1963 sous le titre Le regard froid, 'ce regard froid du libertin' emprunté au marquis de Sade. Outre une référence à Sade dans les dialogues sur l'érotisme où Vailand reprend la technique des 120 journées de Sodome, on y trouve les grands libertins du XVIII ème siècle, en particulier dans Portrait du vrai libertin. Dans Héloïse et Abélard, il définit 3 stades amoureux : l'amour-merveille, [17] l'amour-déchirure et l'amour-amitié. L'amour-merveille hors du temps, c'est la fête d'amour entre Duc et Lucie décrite dans La Fête, un libertinage voulu, organisé; forme d'amour qu'il oppose à l'amour-passion qu'on trouve dans son roman Les Mauvais coups. Cet amour-plaisir peut aller jusqu'à exiger un engagement total comme dans Les liaisons dangereuses. [18]

Le libertinage est aussi la réponse contemporaine aux 2 formes aliénantes de l'amour que sont l'amour-passion et l'amour-éternel, représentatives de la société bourgeoise que dénonce Vailland. A travers les scènes érotiques de ses Écrits intimes, on constate qu'il considère l'érotisme avec autant de recul que la chasse, la course cycliste ou la conduite automobile. [19] Pour lui, le libertin d'aujourd'hui conteste toujours autant la société de son temps que son homologue du XVIII ème siècle.

Suétone et les derniers écrits

Dans les années 1961-62, Vailland se penche sur son passé, reprend sa respiration et relit, annote Les douze césars de l'écrivain romain Suétone, où il voit surtout une dénonciation du césarisme. Jean-Jacques Brochier y décèle une analyse de tous les 'césars' du XX ème siècle, d'autres pensent plutôt que c'est surtout à Staline qu'il pensait, ce 'père' qui l'a tellement déçu et qu'il tuerait ainsi une bonne fois pour toutes. Il note les points communs, la terrible cruauté des césars, " l'avènement de chaque césar fut célébré par le peuple comme une libération, sa mort comme une plus grande libération.

Il explique sa technique d'analyse : " Telle est bien l'une des clés de Suétone. Il faut regrouper chapitre par chapitre, rubrique par rubrique, ce qui est arbitrairement réparti dans les douze biographies. Arbitrairement, mais chaque fois selon le même arbitraire. C'est la répétition qui donne l'explication, la loi se dégage de l'identité de la réaction dans des circonstances analogues. La monotonie fait la preuve. " Il fait sien ce mode d'approche aussi valable sous l'empire romain que pour le XX ème siècle.

Mai 1965, voici les derniers mots de Vailland dans son Journal intime : " Depuis 8, 10 jours, un printemps blanc : pas de nuages, pas de chaleur, mais le bleu blanc du ciel au comble de l'été. " S'il aimait tant la botanique, c'est qu'il y trouvait un monde organisé, les choses ne devenant humaines que quand elles sont organisées. Toujours il a recherché l'esthétique, la maîtrise de soi, s'en veut quand il démissionne dans la drogue et se veut souverain comme Duc et Léone dans La Fête.

Bibliographie

  • Une Enfance lyonnaise Au temps du Maréchal, Jean-Jacques Brochier, éditions Bartillat, Collection Terres, 150 pages, 1995
  • Le marquis de Sade et la conquête de l'Unique, Jean-Jacques Brochier, éditions Eric Losfeld, 270 pages, 1966
  • "Esquisse pour la psychanalyse d'un libertin" par Jean Recanati
  • "Libertinage et tragique dans l'œuvre de Roger Vailland" par Michel Picard

Notes et références

[1] Voir l'ouvrage de Jean Recanati, "Vailland, esquisse pour la psychanalyse d'un libertin", éditions Buchet/Chastel, 1971
[2] Voir son essai "Le surréalisme contre la révolution"
[3] Mis à part Le colonel Foster plaidera coupable, interdite dès la première représentation mais qui eut beaucoup de succès dans les pays de l'Est
[4] Sur ses conceptions en la matière, voir son essai "Expérience du drame"
[5] Lettre du 6 juin 1950 à sa femme Élisabeth
[6] Voir la relation qu'il en fait dans son roman "La Fête"
[7] Voir se romans "Drôle de jeu" et "Bon pied, bon œil"
[8] " Milan, comme Vailland lui-même, ressemblait à un oiseau de proie : Le torse large, les membres courts, le visage comme un bec. Tu n'avais donc pas regardé les mains, les doigts crochus, ses mains : des serres, c'est un rapace. "
[9] Le Clusot en réalité la commune de Saint-Rambert-en-Bugey et Bionnas en réalité la commune d'Oyonnax dans le département de l'Ain.
[10] Il habitait alors avec Élisabeth le hameau des Allymes sur la commune d'Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain
[11] Sur ce sujet, voir son essai intitulé "De l'amateur" paru dans son recueil "Le regard froid"
[12] Eugène-Marie Favard fait référence au Vailland de sa prime jeunesse alors que Busard n'est rattaché à aucun élément biographique de Vailland.
[13] Voir ses Écrits intimes à la journée du 5 juin 1956 et la biographie de Jean-Jacques Brochier pages 60 à 62
[14] Voir ausi ma présentation de cet ouvrage Laclos par lui-même
[15] Bernis, l'un des personnages d'un roman de Sade "Juliette", Voir aussi ma présentation de cet ouvrage Bernis
[16] Voir la présentation de ses comptes dans "Le regard froid"
[17] Sur l'amour-merveille, voir sa pièce radiophonique Appel à Jenny Merveille insérée dans Les Écrits intimes et : Les entretiens de madame Merveille avec Octave, Lucrèce et Zéphyr inséré dans Le regard froid.
[18] Voir les préfaces qu'il a écrites pour Les liaisons dangereuses et les Mémoires de Casanova
[19]
La chasse dans Les Mauvais coups, la course cycliste dans 325.000 francs, la conduite automobile dans La Fête

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