Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Frachet Roger Vailland
29 janvier 2013

Roger Vailland et la Grèce

Roger Vailland : de Plutarque à Coulentianos
       Sommaire
  • 1- L'influence de Plutarque           2- Voyages en Grèce           3- Costa Coulentianos
         Vailland 1957
1- L'influence de Plutarque

Roger Vailland, comme tous les garçons issus d'un milieu petit bourgeois, fait ses humanités, apprend le Grec et le Latin, découvre en particulier Plutarque, « le sage de Chéronée. » Auto dérision quand il se moque dans "Drôle de jeu" du « respect systématique et un peu irritant des jeunes communistes pour la culture des siècles passés. » Chez lui, c'est avec son père Georges Vailland qu'ils se relayent pour lire à haute voix Corneille, l'Anabase de Xénophon où La vie des hommes illustres de Plutarque.

Pendant la guerre, à l'été 1917, Roger Vailland séjourne à Villejust à côté de Montléry dans la vallée de Chevreuse, dans la maison appelée Le Pavillon. « C'est au pavillon, écrit Yves Courrière dans sa biographie, qu'il reçut le fameux Plutarque qu'il évoque fréquemment dans ses récits... » un gros 'in-octavo' relié en cuir, offert par sa grand-mère, qui le suivra dans tous ses déménagements. (Voir Écrits intimes page 502) "Drôle de jeu" a des allures de tragédie grecque à travers la guerre, les amours contrariées, les pseudonymes antiques qu'il utilise comme noms de ses personnages (Alexandre, Mithridate, Caracalla...)

Toujours dans les Écrits intimes, il écrira : « Ce n'est pas ma faute si l'un des premiers livres que j'ai lus et qui m'a marqué pour toujours, c'est La vie des hommes illustres de Pétrarque » comme s'il voulait expliquer ses projections calquées sur les personnages d'Antoine et de Fulvia. (Voir Plutarque, Vies parallèles, X,6, page 1678) Dans "Un homme du peuple sous la révolution", quand Drouet prononce l'éloge funèbre de Marat, Vailland précise « ses lectures de Plutarque lui avaient profité. » Ce qui a attiré Roger Vailland chez Plutarque, c'est la figure du moraliste, une morale du savoir-vivre, lui qui écrira en 1956 : « Dans le fond, c'est cela ma morale : l'art de vivre. » (référence citée par Yves Courrière dans sa biographie page 815) C'est aussi sa présentation des hommes illustres dont il reprend le portrait, d'Octave dans ses Écrits intimes car ce qui l'intéresse dans l'Histoire, « c'était qu'elle permît aux grands hommes de se développer. » (Écrits intimes pages 507-508)

Lors du voyage en Grèce janvier 1964

2- Voyages en Grèce

En 1947, lors d'une escale au Pirée, Roger Vailland en profite pour visiter l'Acropole dont il dit que « c'est le bonheur... un coup heureux de dés entre les proportions d'une colline des montagnes voisines et de la mer à l'horizon. » Mais, rejoignant Baudelaire, il décrit Cythère comme « un affreux rocher , sans un arbre, sans une herbe et tout noir dans le contre-jour de l'aube naissante. » Il traite aussi de la situation grecque, alors en pleine guerre civile : « Le golfe d'Athènes s'est effacé dans une brume dorée. L'homme du Quiboutz est venu à moi, "ça va mal" m'a-t-il dit. » ( Article intitulé Cythère sans l'amour, Les Lettres françaises) Dans un autre article, il évoque l'arrivée du bateau en ces termes : « Le Pirée apparaît, puis Athènes, blanche et grise au fond de son golfe... Le groupe de jeunes palestiniens... essaie de découvrir le parthénon. En Palestine aussi on fait ses humanités. » (Article intitulé Colère sur l'Acropole, Les Lettres françaises)

Il va aussi effectuer en Grèce un voyage important, du 6 au 25 janvier 1964, avec deux couples et sa femme Élisabeth. Allant à la rencontre des sites et des gens au gré de leurs pérégrinations, ils visitent la région d'Athènes, font le tour du Péloponèse, Olympie dont il admire surtout la flore, Delphes où il se met à déclamer dans le théâtre antique, Sparte, Épidaure, une merveilleuse taverne à Patras... et le palais de Cnossos en Crête.

  
Costa dans son atelier                     Coulentianos et Vailland

3- Costa Coulentianos

Ce voyage en Grèce, Roger Vailland le doit à son ami d'origine grecque Costa Coulentianos, une grande amitié qui remonte à l'été 1961 où ils se rencontrent à Paris et où Vailland est emballé par les sculptures de Costa, il lui en achète immédiatement une qu'il fourre dans sa voiture. Costa viendra très vite s'installer à Meillonnas, à côté d'Élisabeth et de Roger et dès lors, ils seront, dans tous les sens du terme, très proches. Pour sa biographie de Vailland, Yves Courrière ira interviewer Coulentianos qui lui confiera tout ce qui les unissait.

Si Pierre Soulages initie Roger Vailland à la gravure, c'est Coulentianos qui assure son apprentissage, « la gravure, un peu comme des jeux de construction » commente-il dans ses Écrits intimes. (page 615) Lorsque Costa Coulentianos fait sa grande exposition à la Galerie de France en 1962, c'est tout naturellement Roger Vailland qui rédige la présentation du catalogue. Il y décrit scrupuleusement les étapes de la création d'une sculpture que Costa nommera la Raza. L'idée du degré de liberté qui diminue peu à peu au cours de l'élaboration de l'œuvre, il l'a reprend dans son roman "La Fête" où Duc son héros explique ce phénomène à partir de la création d'un dessin où chaque coup de crayon est de moins en moins aléatoire à mesure que le dessin se construit.
Pour Roger Vailland, Coulentianos représente à la fois la traduction moderne de la sculpture grecque et la nostalgie de la grandeur antique.

<> • • Christian Broussas • Vailland & la Grèce • °° © CJB  °° • • août 2011 <>

Publicité
Publicité
Commentaires
Frachet Roger Vailland
Publicité
Archives
Publicité